Le 22 avril, jour de la Terre, des cortèges ont défilé dans 600 villes autour du monde pour soutenir les sciences. En France, ils étaient plus de 7 000 à battre le pavé.

« La science plutôt que le silence » ; « Il n’y a pas de planète B » ; « Ne muselez pas les scientifiques » ; « La science nous emmène dans les étoiles, l’ignorance ne mène qu’à la haine » ; « La glace n’a pas d’agenda caché, elle ne fait que fondre » ; « Pas de liberté sans connaissance » ; « La science, c’est comme la magie, sauf que c’est réel »… tels sont les slogans que vous avez peut-être aperçus samedi 22 avril.

En effet, c’est ce week-end qu’avait lieu la marche pour les sciences. Tout autour du monde, des scientifiques ont défilé dans 600 villes pour alerter l’opinion publique et se dresser face à la résurgence de l’obscurantisme intellectuel face aux faits, dont l’émanation la plus criante est Donald Trump, qui est allé jusqu’à suggérer en 2012 que le dérèglement climatique est une invention… des Chinois.

Que des individus disent des sottises, ça peut arriver, même chez des animateurs de TV et des hommes d’affaires ; ce qu’est Trump. Sauf qu’en théorie, ils n’atteignent pas les plus hautes sphères du pouvoir. Donald Trump, lui, s’est fait élire à la tête de la première puissance mondiale et il ne s’est pas contenté d’émettre des doutes sur des données scientifiques. Il a joint le geste à la parole.

Ainsi, l’intéressé s’emploie à contrôler les programmes de recherche susceptibles de recevoir des crédits, à restreindre la diffusion des résultats de certaines agences comme celle pour la protection de l’environnement (qui est désormais administrée par un climatosceptique proche des lobbys de l’énergie) et de supprimer  toutes les références sur le changement climatique du site de la Maison Blanche.

Pour les scientifiques, trop c’est trop : ils ont donc annoncé une mobilisation pour le 22 avril et sont descendus dans la rue comme prévu le jour dit. Entre temps, le mouvement a pris une dimension internationale avec des défilés annoncés partout dans le monde, en particulier en France, avec des cortèges de quelques dizaines de personnes à plusieurs milliers de manifestants.

C’est à Paris que la mobilisation a été la plus forte, avec 5 000 participants. Des défilés ont également eu lieu à Toulouse (1 200 personnes) et Montpellier (1 000), ainsi qu’à Lyon, Nantes, Brest, Orléans, Nice, La Réunion, Rennes, Bordeaux, Marseille, Grenoble, Nancy, Clermont-Ferrand et Strasbourg, avec des défilés entre 100 et 600 personnes selon les organisateurs. Des mobilisations plus modestes ont également eu lieu au Havre, à Civray et Nouméa.

Les cortèges ont parfois été accompagnés d’événements sporadiques, comme cette prise de photo satellitaire lors de la marche à Montpellier, où les scientifiques ont formé le mot « science », mais aussi de prises de parole de scientifiques et d’interventions de journalistes travaillant dans ce domaine, comme Dominique Leglu, directrice des rédactions à Sciences & Avenir.

Mais pas seulement : Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, également présent lors des manifestations, a par exemple tenu à souligner que les scientifiques et les journalistes ont des responsabilités similaires, à savoir la défense des savoirs, la nécessité de s’en tenir aux faits et la lutte contre la propagation du mensonge, qui s’incarne aujourd’hui à travers les fake news.

Mais pourquoi les Français ont-ils défilé ? « Si la négation des résultats scientifiques – issus des sciences de la nature comme des sciences humaines et sociales – est pour l’heure moins développée en France qu’aux Etats-Unis, les motifs d’inquiétude n’en restent pas moins nombreux », ont expliqué plusieurs scientifiques, tous signataires d’une tribune publiée sur Le Monde en février dernier.

Et les exemples ne manquent pas : « cela concerne des prises de position répétées de nos responsables politiques : du haro sur la prétendue ‘culture de l’excuse’ des sciences humaines et sociales au retour du ‘roman national’ dans les programmes d’histoire, jusqu’aux sorties de route climatosceptiques d’un ancien président de la République, sans oublier l’intronisation du moteur Diesel ‘au cœur de la mobilité environnementale’ ».

Une politique américaine alarmante

Dans ces conditions, on comprend mieux l’engagement des Français dans cette marche pour les sciences. Idem dans d’autres pays du monde, touchés ou non par ce problème. En effet, à supposer que le mépris des faits ne soit pas aussi prononcé au Royaume-Uni, en Finlande, en Allemagne, en Suisse ou en Australie, le monde entier est directement lié aux prises de position des Etats-Unis.

Car le président américain envisage de se retirer de l’accord de Paris sur le climat, au motif qu’il ne serait pas dans l’intérêt de l’économie de son pays.

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S’il le fait, au regard du poids que pèsent les USA dans la pollution mondiale, ça serait désastreux. Or pour le moment, la politique environnementale qu’il mène est loin d’être rassurante (ce qui ne l’empêche pas d’avoir l’audace de célébrer le jour de la Terre, qui s’est déroulé le 22 avril, en affirmant son engagement pour préserver la beauté de la nature tout en menant une politique environnementale diamétralement opposée).

Reste à savoir si l’appel des scientifiques aura été entendu par Donald Trump. On peut hélas en douter, le président américain ayant la drôle de propension à crier à la fake news dès qu’une actualité lui déplaisant surgit dans les médias.

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