Bonne nouvelle pour les futures fusées de l'Europe : un allumage d’un nouveau moteur a réussi

Les essais progressent bien pour Prometheus, le futur moteur-fusée de l’Europe. Il équipera la prochaine fusée Ariane, mais aussi des lanceurs plus spécialisés, comme Themis et Maia.

Il y a les essais de mise à feu statique qui se passent mal. Et il y a les tests qui se déroulent bien. Hasard du calendrier, alors que SpaceX connaissait un terrible raté le 18 juin 2025 lors d’une vérification concernant l’étage supérieur de sa fusée géante Starship, nommé Ship 36, ArianeGroup bouclait avec succès, à peine deux jours plus tard, une campagne d’allumage de Prometheus.

Prometheus n’est pas le nom d’une nouvelle fusée, mais la désignation d’un nouveau type de moteur-fusée qui aura vocation à équiper les futurs lanceurs européens — comme Ariane Next, qui succédera à Ariane 6, mais aussi Themis, un démonstrateur de premier étage réutilisable, et Maia, un mini-lanceur réutilisable.

Le 20 juin, donc, sur le banc d’essai de Vernon dans l’Eure, ArianeGroup a procédé à un essai « comprenant quatre démarrages successifs » du moteur à poussée variable réutilisable de classe 100 tonnes Prometheus. Il s’agit d’une capacité de redémarrage « unique en Europe », souligne l’entreprise dans son communiqué du 2 juillet.

Ces tests s’inscrivent dans le sillage d’une campagne d’essais lancée il y a quelques années maintenant. Le premier allumage date d’ailleurs du mois de novembre 2022. D’autres tests ont suivi, notamment en juin 2023, avec un essai combiné de Prometheus avec Themis, en attendant son premier vol d’essai, espéré pour début 2026 (avec un premier bond fin 2025).

« Cette aptitude à réaliser un grand nombre d’essais à feu dans la même journée est un atout important pour le développement », a commenté la société, soulignant une « mise en œuvre complexe ». Ces allumages en série ne marquent cependant pas la fin de la campagne d’essai : d’autres tests se dérouleront dans les semaines et mois à venir.

Quelles caractéristiques pour Prometheus ?

Officialisé en 2017, le projet Prometheus doit succéder au moteur-fusée Vulcain qui a servi pour Ariane 5 et qui sert toujours dans Ariane 6 (dans la version Vulcain 2.1) au niveau du premier étage (le second est propulsé par un moteur appelé Vinci). En outre, Ariane 6 est épaulée par des propulseurs latéraux allant par deux ou par quatre, selon la configuration retenue.

Compte tenu des caractéristiques de Themis et Maia, Prometheus aura donc une capacité de réutilisation, mais ce ne sera pas sa seule particularité. Il doit aussi être « bon marché », en ramenant le coût de développement à un dixième de celui de Vulcain 2, selon l’Agence spatiale européenne. Cela, afin d’être plus compétitif sur le marché des lanceurs.

Un test précédent de Prometheus. // Source : ArianeGroup

En plus d’une approche low cost, ce moteur-fusée doit changer d’ergol. Si Vulcain exploite un mix d’oxygène et d’hydrogène sous forme liquide, son successeur doit reposer sur un mélange d’oxygène et de méthane liquides. Le méthane est plus simple à manipuler que l’hydrogène et plus facile à liquéfier. Cependant, cela se fait au prix d’une moindre performance.

Une chose, en revanche, ne change pas : l’inspiration puisée dans le panthéon antique. Après Vulcain, qui renvoie à la divinité romaine liée au feu et à la forge, Prometheus constitue une référence évidente à Prométhée, figure de la Grèce antique, dont on dit qu’il a offert le feu à l’humanité, en le dérobant aux dieux de l’Olympe.