« Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. » Que se passe-t-il quand l’Univers et la bêtise cohabitent ? Sont-elles d’ailleurs deux choses si différentes ? C’est au creux de cette célèbre phrase — attribuée à Albert Einstein — qu’Éric Lagadec et Guillaume Meurice ont construit un spectacle entier, en duo, dont la première date aura lieu lors de l’événement Sur les épaules des Géants au Havre, le 21 septembre 2023.
Le premier est astrophysicien et s’illustre aussi ces dernières années par son travail de vulgarisation scientifique. Le second est humoriste et chroniqueur. C’est l’alliance d’« un spécialiste de l’univers, moi-même, et d’un spécialiste de la connerie, Guillaume », nous décrit bien volontiers Éric Lagadec. La connerie, d’ailleurs, n’est pas si anti-scientifique qu’on pourrait l’imaginer. « La connerie, ce sont tous les biais que l’on peut avoir, et dont on ne se rend pas compte. La connerie, c’est pourquoi on fait des choses que l’on ne devrait pas forcément faire. »
La science est drôle, cet œuf au plat le prouve
Ce spectacle, intitulé Vers l’infini (mais pas au-delà), intègre l’humour au cœur de la vulgarisation scientifique. « L’émotion est importante pour transmettre », nous explique Éric Lagadec. « Et l’humour est une bonne façon de la faire passer. » Raison pour laquelle, d’ailleurs, l’astrophysicien n’a pas attendu ce spectacle pour transmettre la science avec drôlerie — c’est déjà le cas sur son compte Twitter par exemple. Son premier ouvrage, L’odyssée cosmique, à paraître le 22 septembre prochain au Seuil, fait également la part belle à l’émotion et à l’expérience humaine.
Pourtant, on connaît bien l’image générale de la science : une discipline lointaine, car souvent perçue comme austère. Une image entièrement fausse, qui est héritée de l’école, estime Éric Lagadec. « Ce sont des messages que je reçois souvent : ‘la science me fait peur’. Mais il ne faut pas avoir peur de la science, ou alors c’est qu’on vous l’a mal expliquée. » Il faut donc sortir de cette image austère et lourde. « La science, c’est la compréhension du monde, et le monde est fascinant. »
Pour favoriser une appétence vers la science, qui s’inscrit en réalité dans notre quotidien, il est donc nécessaire de dépasser le schéma classique d’un professeur qui parle face à une assemblée qui n’a que pour seule charge d’assimiler les connaissances. Favoriser la participation, l’expérimentation, la discussion : ce sont autant de clés de transmission qu’Éric Lagadec semble avoir à cœur tout au long de notre discussion.
D’autant qu’à contre-courant des idées reçues, les scientifiques eux-mêmes n’ont rien d’ennuyeux (parole de journaliste scientifique s’entretenant régulièrement avec des chercheurs et chercheuses), et la science n’est pas une discipline dénuée de moments drôles ou détendus. « Je passe mon temps à rire au boulot, c’est important ! C’est un travail collectif et on travaille mieux ensemble quand on est détendus », confie Éric Lagadec.
L’astrophysicien se souvient d’un épisode médiatique amusant, dont il est à l’origine. En 2011, avec son équipe, ils découvrent une étoile titanesque, très rare : une hypergéante jaune. Mais, au-delà de la surprise scientifique, ils se rendent compte que l’image ressemble à un œuf au plat. Ni une ni deux, voilà que le surnom est donné, y compris dans le communiqué officiel de l’ESO — European Southern Laboratory. Résultat, il existe un article du Télégramme de 2011 qui indique ceci : « Tapez ‘Éric Lagadec’ sur Google, vous tomberez nez à nez avec un drôle d’œuf sur le plat étoilé. » (Depuis, d’autres images liées à cette requête ont fait leur place.)
Pour Éric Lagadec, c’est très clair : « Quand on parle de science aux gens, de manière simple, cela fonctionne. » C’est d’ailleurs par le contact humain, et la discussion informelle, qu’il a appris à parler de la science. « Pour moi, tout est parti d’interventions dans des bars. C’est mon côté breton », confie l’astrophysicien. « J’étais toujours avec mon meilleur ami, devenu journaliste scientifique, on parlait tous les deux et on répondait à des gens qui venaient poser des questions. C’est comme ça qu’on a appris : en étant au plus proche des gens. » Il en a tiré un leitmotiv : « Il faut amener la science là où elle ne va pas ». Et pour ce faire, il faut miser sur de l’originalité. « Si on fait que des choses conventionnelles, on va parler à des gens qui connaissent déjà le sujet de la science. Il faut toucher des gens qui ne vont pas vers la science naturellement. »
Vers l’infini…
À quoi ressemblera ce spectacle ? Éric Lagadec ne veut pas vraiment nous le dire en détail, pour éviter les spoilers — le duo tient à ce que ce soit surprenant. Il faut y aller avec l’idée de « ne pas savoir tout ce qui va advenir ». Quant aux thèmes, là encore, il ne nous dira rien, si ce n’est qu’il s’agira de « l’univers et de la bêtise » (il concède d’ailleurs en riant que c’est assez « large »). Mais une chose est sûre, « l’objectif est que les gens apprennent en s’amusant, en passant un bon moment », en laissant également place à l’improvisation. Il y aura aussi une séquence de questions-réponses à la fin. « On repart avec des réponses, mais surtout avec des questions », insiste Éric Lagadec.
La première date est fixée au jeudi 21 septembre, au Havre, à l’occasion du festival scientifique Sur les épaules des géants. Le duo part ensuite en tournée en passant par Courbevoie, Nantes, Chenôve, Meylan. Il y a assez peu de dates, mais la tournée elle-même devrait s’étendre sur 2 à 3 ans, ce qui laisse nombre d’opportunités d’aller découvrir le duo sur scène — pour rire et apprendre.
Au programme de « Sur les épaules des Géants »
Dédié à la science, le festival Sur les épaules des Géants se déroulera du 21 au 24 septembre 2023 au Havre — dans différents lieux. Au programme, des interventions de personnalités de la science, comme Valérie Masson-Delmotte et Alain Aspect, mais aussi de vulgarisateurs comme Éric Lagadec.
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