21 juillet 1969 : l’astronaute américain Neil Armstrong pose le premier pied humain sur notre satellite naturel, la Lune. À cette occasion, et lors des missions Apollo qui suivent, des échantillons du sol lunaire sont récupérés et ramenés sur Terre. C’est notamment en étudiant cette poussière que l’on peut comprendre plus en profondeur la composition de notre satellite.
L’expérience des cafards lunaires
En 1969, après la mission initiale avec Armstrong, c’est justement l’un de ces échantillons qui a été envoyé à l’université du Minnesota. Environ 2 kg de poussière lunaire sont acheminés au Lunar Receiving Laboratory de l’établissement pour être étudiés par les chercheurs. L’une des expériences, devenue célèbre dans l’histoire des sciences, consistait à exposer des insectes et animaux marins à ces échantillons, notamment en nourrissant des cafards avec les grains. L’objectif : déterminer si les matériaux contenus dans le sol de la Lune pouvaient contenir des pathogènes dangereux pour la vie terrestre. La conclusion fut que, non, il n’existe pas de danger particulier.
Marion Brooks, entomologiste, est l’une des scientifiques ayant participé à l’expérimentation. Peu après, les échantillons n’ont pas été retournés à la Nasa. Une partie de la poussière de Lune étudiée a donc tout bonnement fini chez Marion Brooks — l’agence ne les ayant alors jamais réclamés. Au décès de la chercheuse, en 2007, sa fille les a finalement vendus.
C’est à l’issue de ce long parcours que ces grains lunaires et pleins d’autres items issus de l’expérience — dont les cadavres de cafards — se sont finalement retrouvés, en juin 2022, aux enchères menées par RR Auction, revendues par une personne anonyme. L’estimation de départ : 400 000 dollars.
Mais l’agence spatiale américaine s’oppose à ces enchères. D’après les informations du Washington Post, publiées dans un article du 23 juin 2022, la Nasa aurait fait appel à un avocat pour demander à RR Auction de ne plus accepter de nouvelles mises et de bloquer la revente.
Les échantillons « appartiennent à la Nasa »
« Tous les échantillons d’Apollo, tels qu’ils sont stipulés dans cette collection d’objets, appartiennent à la Nasa et aucune personne, université ou autre entité n’a jamais reçu l’autorisation de les conserver après analyse, destruction ou autre utilisation à quelque fin que ce soit, notamment pour la vente ou l’exposition individuelle », indique la Nasa dans une lettre du 15 juin consultée par le Washington Post. « Nous vous demandons de ne plus faciliter la vente de tous les articles provenant du Lunar Soil Experiment d’Apollo 11 […] en arrêtant immédiatement le processus d’enchères. »
Dans une seconde lettre envoyée le 22 juin, la Nasa demande à RR Auction de jouer le rôle d’intermédiaire afin que le propriétaire de la collection restitue les lots au gouvernement fédéral, et donc à la Nasa.
Auprès du Washington Post, un avocat de RR Auction précise que la société de vente aux enchères va faire le nécessaire, ayant « déjà travaillé avec la Nasa » et « toujours coopéré », même si elle ne peut pas rendre les objets : seul le propriétaire le peut (lequel est anonyme et c’est là que l’entreprise joue un rôle d’intermédiaire). L’avocat rappelle que l’agence spatiale a « l’habitude de réclamer des objets liés aux premiers programmes spatiaux ».
À la date du 29 juin 2022, les items liés à Apollo 11 sont toujours apparents sur le site de RR Auction, mais ne peuvent plus être acquis.
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