Il y a de fortes chances que France Télévisions ne fasse plus partie de l’aventure Salto dans les années à venir. Dans un communiqué de presse publié le 24 mars 2022, TF1 a officialisé l’envie du groupe audiovisuel public de se désengager de la plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) en cas de fusion entre TF1 et M6.
« Par l’accord signé ce jour, les groupes TF1 et M6 s’engagent, en cas de réalisation de leur projet de fusion, à racheter la participation de 33,33 % de France Télévisions pour une valeur définitive de 45M€. Le nouveau groupe détiendrait alors 100 % de Salto pour développer un projet de streaming », peut-on lire.
Le mariage entre TF1 et M6 n’est pas encore officialisé, car il reste certaines barrières, mais les discussions sont en bonne voie, et les deux entités ont l’envie de se rapprocher. Si cela se faisait, le nouveau groupe TF1-M6 aurait 66 % de Salto et serait donc, de toute manière, majoritaire. Dans cette situation, France Télévisions aurait peu d’intérêt à continuer à en faire partie. « Delphine Ernotte, a indiqué qu’elle voulait sortir. Donc, on est en train de trouver une solution avec elle pour que cela se fasse en bonne et due forme », a déclaré Gilles Pélisson, président du groupe TF1, au cours d’une conférence professionnelle au festival Séries Mania, rapportée par l’AFP.
Quoi qu’il arrive « Salto restera contrôlée conjointement par ses trois actionnaires tout au long de l’exercice 2022 pour poursuivre le développement de la plateforme », précise le communiqué.
L’histoire compliquée de Salto
Salto émane de la volonté de trois acteurs : les deux groupes privés, et France Télévisions, qui a toujours souhaité créer une plateforme de vidéo à la demande par abonnement française solide, complémentaire des Netflix et autres Prime Video.
Après de nombreuses années de discussions, les trois ont finalement réussi en octobre 2020 à lancer Salto, une offre hybride à la frontière entre la télévision en streaming, le replay et les contenus inédits, à partir de 6,99 euros par mois.
En cas de fusion entre TF1 et M6, les deux seraient obligés, puisqu’ils s’y sont désormais engagés, de racheter les parts de France Télévisions, soit environ 45 millions d’euros, selon un calcul des Echos.
Certes, Salto est une entreprise indépendante sur le papier — c’est une des nombreuses barrières qui a été mises par l’Autorité de la Concurrence pour valider sa création — mais dans les faits, les synergies sont nombreuses avec ses groupes « parents ».
Quel avenir pour Salto sans France Télévision ?
Salto compterait 500 000 abonnés et abonnées payantes début 2022, selon les informations du site Capital. C’est loin des chiffres des gros concurrents américains, mais peut être vu comme encourageant, au vu du nombre de contraintes auxquelles doit faire face le service de streaming. En revanche, cela n’a permis à Salto de ne dégager qu’un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros en 2021, ce qui est loin de compenser les investissements des trois groupes, estimés à 250 millions d’euros sur trois ans.
L’avenir des contenus qui appartiennent à France Télévisions et ses chaînes sur Salto est donc incertain. Aujourd’hui, sur la plateforme de streaming, on peut accéder aux émissions en replay, à certaines séries diffusées sur le service public, mais aussi aux programmes de la plateforme France TV Slash, sans avoir besoin de s’y connecter ou de subir des publicités.
Il est difficile d’imaginer que si France Télévisions ne possède plus rien de Salto, le groupe continuerait à prêter ou louer ses contenus à la plateforme. Salto risquerait alors de devenir simplement la plateforme de SVOD de M6 et TF1, tandis que France Télévisions pourrait miser sur ses propres services, dont France.tv.
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