Hitman 3 conclut la trilogie développée par IO Interactive avec brio. Le jeu vidéo offre un vrai terrain de jeu pour expérimenter librement différentes façons de tuer, de la plus basique à la plus élaborée.

On peut tuer de multiples façons dans Hitman 3. Souvent, une simple balle dans la tête fera l’affaire. Mais le but est plutôt d’expérimenter des méthodes plus exotiques pour assassiner avec créativité, dans un silence froid. In fine, on peut transformer le crime en art.

Dernier volet d’une trilogie reboot démarrée au format épisodique, Hitman 3, disponible à partir du 20 janvier sur PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S/X, Switch et Stadia, est la quintessence de cette formule imaginée par IO Interactive — devenu indépendant. Comme ses prédécesseurs, il nous emmène dans six destinations conçues pour offrir une pleine liberté aux joueurs, le but commun étant d’occire une ou des cibles désignées.

Hitman 3 n’est pas si différent de Hitman et Hitman 2, respectivement sortis en 2016 et 2018. En pur héritier, il témoigne d’une vraie maîtrise de la part d’IO Interactive, qui tient à conclure son univers World of Assassination sur la meilleure note possible. Le studio s’est ensuite donné la mission d’adapter les aventures de 007 en jeu vidéo, ce qui ne devrait pas être une mince affaire. Pour cela, il mettra Hitman, qui compile dix jeux vidéo en tout, en pause. « Il y en aura toujours d’autres comme nous », prévient quand même 47, visage de la saga, avant de raccrocher. Un comble.

Hitman 3 // Source : IO Interactive

Hitman 3

Source : IO Interactive

Une construction des niveaux intelligente

Le saviez-vous ?

Sean Bean, alias Ned Stark dans Game of Thrones ou « l’acteur qui meurt tout le temps », a été une cible dans Hitman 2, dans le cadre d’un contrat éphémère.

Hitman 3 démarre par une mission à Dubaï, au sein de la plus haute tour du monde. La tête dans les nuages, 47, célèbre héros chauve avec un code barre tatoué sur la nuque, et son acolyte Lucas Grey arrivent au sommet du bâtiment par les airs dans une séquence qui rappelle le dernier film Mission: Impossible. Le décor est vite posé : Burj Khalifa assure en matière de verticalité, avec des étages et des escaliers à n’en plus finir. L’architecture labyrinthique sert à merveille cette volonté d’encourager la joueuse ou le joueur à explorer les décors à la recherche d’indices et d’astuces pour orchestrer son prochain meurtre.

Le tour du monde est total

Ce constat d’évasion est autant vrai pour le manoir anglais situé à Dartmoor, terrain de jeu de la deuxième mission. Ici, on oublie les multiples étages et on déambule dans les pièces secrètes dissimulées en tirant sur le bon livre, voire dans la serre remplie de plantes vénéneuses. Cap ensuite sur Berlin, où se situe une boîte de nuit qui donnera des sueurs froides aux claustrophobes, à mesure que les vibrations de la manette s’emballent au rythme de la musique techno boum-boum. L’ultime tâche de 47, qui consiste à se débarrasser du groupe Providence, l’emmènera aussi à Chongqing, dont les rues cachent des expériences flippantes. Le tour du monde est total, avec une variété qui apporte un côté cartes postales.

IO Interactive a suffisamment travaillé ses environnements pour donner envie de s’y perdre pendant plusieurs longues minutes. D’autant qu’il est possible de tomber sur des raccourcis pour gagner du temps lors de futures tentatives. En prime, les graphismes sont jolis : sur Xbox Series X, le moteur Glacier Engine fait des merveilles. On se délecte de la fluidité avec laquelle 47 tente de s’infiltrer et on profite au passage des nombreux détails qui se présentent à nos yeux grâce la définition 4K. Pour sa part, la technologie HDR vient sublimer le rendu : des dorures luxueuses de Dubaï aux néons fluo de la scène underground berlinoise. On trouvera simplement à redire sur les cinématiques. Avec leur compression grossière, elles ne font pas honneur à la solidité technique de Hitman 3.

Hitman 3 // Source : IO Interactive

Hitman 3

Source : IO Interactive

47, le maître assassin

Hitman au cinéma

Si elle s’inspire des films d’espionnage, la saga Hitman a également tenté sa chance au cinéma. Hélas le Hitman de Xavier Gens (2007) et le Hitman: Agent 47 d’Aleksander Bach (2015) n’ont pas été de franches réussites.

Il est possible de terminer l’histoire de Hitman 3 en une poignée d’heures. Vous n’aurez alors qu’à effleurer le contenu proposé par IO Interactive. Chaque destination dispose d’un score de maîtrise et, pour atteindre les 100 %, il faudra les recommencer plusieurs fois pour remplir l’ensemble des objectifs et défis proposés. En ligne droite, Hitman 3 est intéressant grâce à sa narration généreuse et son gameplay impeccable. Mais il ne dévoilera son potentiel qu’à celles et ceux qui se donneront les moyens — et le temps — de ruser à chaque partie. Pour tuer, 47 a plus d’une corde (de piano) à son arc : un simple meurtre (balle, couteau, étrangement…), un assassinat plus complexe à mettre en place (empoisonnement, explosion) ou un accident provoqué. C’est là qu’interviennent ces notions d’exploration et d’expérimentation, sans oublier l’observation, primordiale. Dans Hitman 3, foncer tête baissée n’est clairement pas une solution. On conseillera d’ailleurs de sauvegarder régulièrement, surtout avant une décision qui pourrait mal tourner.

Pour terminer une mission, plusieurs moyens s’offrent aux joueuses et aux joueurs. On peut très bien y aller à l’aveugle, faisant confiance à cette capacité à passer les environnements au peigne fin jusqu’à découvrir une faille. Il est également possible de se raccrocher aux branches d’une Intrigue, mécanique prenant la forme d’une sous-quête bien ficelée. Par exemple, la séquence à Dartmoor propose une vraie enquête à élucider soi-même, à l’aide d’indices et de témoignages à récolter. Il s’agit d’un pas de côté qui enrichit l’expérience, sachant que ces Intrigues font surtout office de coups de pouce pour mieux appréhender les différentes cibles. Pour celles et ceux qui ne seraient pas à l’aise avec les mécaniques de Hitman, ces petits arcs guidés constituent une bonne façon d’apprendre pas à pas.

Foncer tête baissée n’est clairement pas une solution

Hitman 3 est davantage un jeu d’infiltration qu’une production 100 % action. Pour se faufiler en toute discrétion, 47 maîtrise l’art du déguisement en chapardant la tenue des personnages qu’ils croisent. Ce n’est pas toujours très réaliste, mais il faut bien faire quelques concessions pour servir le gameplay. Pêle-mêle, le héros peut devenir un serveur pour s’inviter à une fête, voler le costume d’un cuisinier pour avoir accès à des plats (pour mieux les empoisonner) ou encore s’improviser garde du corps pour se rapprocher de la personne dont il doit se débarrasser. Cet élément, présent depuis le tout premier opus de la saga née en 2000, permet de se fondre plus facilement dans les environnements. Mais il faut garder à l’esprit qu’un comportement étrange est susceptible d’alerter les gardes et de compromettre la mission. À noter que Hitman 3 ajoute un appareil photo intelligent à l’arsenal de 47. Il peut servir à hacker des dispositifs informatiques.

En termes de contenu, il y a largement de quoi s’occuper dans Hitman 3. Outre les missions principales qu’il ne sera pas aisé de compléter à 100 %, le titre s’appuie sur moult modes additionnels pour offrir l’opportunité de devenir le meilleur assassin — virtuel — du monde. IO Interactive a aussi pensé cette conclusion comme une plateforme offrant un accès à Hitman et Hitman 2, à condition d’être propriétaire des jeux. Concrètement, Hitman 3 réunit tout au même endroit, avec progression partagée et multiples options pour paramétrer son expérience (difficulté, lieu de départ, objets accessibles au début du contrat…). La philosophie bac-à-sable est présente partout, y compris dans les menus très copieux. Ils peuvent manquer de clarté et inonder les joueuses et joueurs avec un trop plein d’informations.

Le verdict

Hitman 3 n’a pas pour ambition de renouveler les bases posées par le reboot lancé en 2016. Cette conclusion s’efforce plutôt de capitaliser dessus pour proposer une expérience bac-à-sable baignant dans le monde de l’assassinat. La maîtrise dont fait preuve IO Interactive, notamment dans la construction des niveaux, est exemplaire. Hitman 3 donne envie de se perdre dans des décors variés, en quête du moindre petit défi à remplir.

En prime, Hitman 3 se paie le luxe de proposer un contenu aussi pointu qu’accessible. Les assassins experts auront de quoi pimenter au maximum leurs contrats tandis que les novices pourront accepter d’être pris par la main pour se familiariser avec un univers bien mis en scène. IO Interactive a décidé de mettre 47 provisoirement à la retraite pour se pencher sur un autre agent bien connu, le fameux 007. Et on peut affirmer que la retraite est dorée.


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