Dans un message solennel partagé à ses millions d’abonnés, la reine de la pop explique que Mark Zuckerberg va pouvoir espionner les utilisateurs d’Instagram, voler leurs secrets et revendre leurs données au gouvernement. Comme n’importe quel boomer dans votre fil d’actualités Facebook.

Madonna prend un air grave, face caméra, smartphone à la main. « C’est très important que tout le monde le sache, si vous ne l’avez pas déjà lu ou entendu », introduit-elle. Elle commence ensuite à lire un texte, en prenant soin d’articuler chaque mot : « à partir de demain, les nouvelles politiques de cybersurveillance d’Instagram permettent à Mark Zuckerberg de vous espionner, vous et votre famille, de voler vos secrets les plus intimes et de surveiller votre respect du gouvernement à travers tous vos appareils — y compris votre télévision –, de vendre vos données au gouvernement et à l’industrie, ou de vous punir pour votre désobéissance. »

Madonna a fait une erreur que beaucoup de personnes font sur les réseaux sociaux : elle a partagé un copypasta // Source : Instagram de Madonna

Madonna a fait une erreur que beaucoup de personnes font sur les réseaux sociaux : elle a partagé un copypasta

Source : Instagram de Madonna

À la fin de la lecture, la reine de la pop se tourne vers son audience, et conclut son message de prévention d’un ton solennel, qui ne laisse aucun doute sur le fait qu’elle parle au premier degré. « C’est vraiment effrayant… Une dictature a débuté, faites attention ». Sur ses réseaux sociaux, elle n’hésitera pas à ponctuer son message d’un « #dictatorship » (#dictature en français).

Vous l’aurez deviné, cette vidéo, partagée le 20 décembre sur son compte Instagram (suivi par 15,6 millions de personnes) et son compte Twitter (suivi par 2,7 millions de personnes), n’est qu’un tissu de mensonges. D’ailleurs, malgré son alerte, Madonna n’a (évidemment) pas fermé son compte Instagram passé la date de la supposée mise à jour. Mais dans les commentaires de sa publication Twitter, certains fans la remercient pour son message et affirment avoir fermé leur compte Instagram.

Copypasta, entre troll et désinformation

Dans le jargon, la publication de Madonna est une version augmentée d’un « copypasta ». Si vous avez un compte sur les principaux réseaux sociaux, et notamment sur Facebook, vous en avez sûrement déjà vu. Ces messages sont des tissus de mensonges sensationnalistes, créés dans l’unique objectif de devenir viraux, et d’être partagés à la chaîne. Le plus souvent, ils se terminent avec des formules comme « partagez en masse pour alerter le plus de personnes » ou « copiez-collez ce texte pour contrer les mensonges de [nom de l’entreprise] ». La plupart des copypastas sont inoffensifs, et relèvent plutôt de la blague ou du troll, mais d’autres, plus dangereux, font partie de véritables campagnes de désinformation.

Parmi les copypastas connus, vous avez peut-être vu celui qui a circulé massivement il y a quelques années, qui consistait à faire une déclaration publique sur Facebook pour refuser que l’entreprise exploite vos photos. Encore une fois, ce message ne s’appuyait sur aucune loi ni menace réelle (et de toutes façons, Facebook a des droits sur vos photos même avec un message sur votre mur).

Des inquiétudes inspirées de faits réels

Les copypastas se nourrissent d’une méconnaissance des sujets, et d’un manque de vérification des lecteurs. Bien qu’ils annoncent toujours un changement radical, ils n’indiquent aucune source sérieuse pour appuyer leur propos. Dites-vous que si un tel changement avait lieu, des personnes, médias et organisations autres qu’un contact Facebook en parleraient. Mais les copypastas ont deux forces pour échapper aux suspicions : ils ont un message simple, auquel il est facile d’adhérer — qui ne s’opposerait pas à une cybersurveillance généralisée de Facebook ? –, et ils sont relayés par des connaissances, qui, en le partageant certifient en quelque sorte son contenu.

Et ce n’est pas tout : de nombreux copypastas sont bâtis sur une certaine réalité. Dans le cas du message de Madonna, on pourrait rappeler que les pratiques publicitaires du groupe Facebook, poussées à l’extrême personnalisation, sont régulièrement qualifiées comme invasives. On pourrait aussi souligner que les textes de lois de différents pays (comme la France et les États-Unis) prévoient que Facebook, comme toute entreprise, puisse communiquer certaines informations aux forces de l’ordre dans le cadre d’une enquête. Peut-être que ces réalités alimentent les fantasmes dystopiques du message de Madonna. Ou peut-être que tout simplement, un sacripant voulait voir jusqu’où son troll circulerait.

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