Predator: Hunting Grounds est un jeu multijoueur asymétrique, qui confronte un Predator à une escouade de quatre soldats. Amusant avec des amis mais très limité.

Au même titre que Terminator et Alien, Predator est une figure emblématique du Septième Art. Il ne lui a fallu qu’un seul film — réalisé par John McTiernan — pour devenir une icône et un monstre que beaucoup sont capables de reconnaître. Aujourd’hui, on peut affirmer que son glorieux passé est derrière lui, avec une légende qui demeure intacte, en dépit de films récents tous plus médiocres les uns que les autres. Avec Predator: Hunting Grounds, Sony tente de faire survivre l’extraterrestre chasseur dans la sphère vidéoludique.

C’est donc au Illfonic qu’incombe la lourde tâche de redonner ses lettres de noblesse au Predator. Pour cela, le studio a opté pour une formule décriée : le jeu multijoueur asymétrique. Sur le papier, l’idée de confronter un joueur — qui incarne la bestiole capable de saigner — à une escouade de soldats a tout d’une formule à-propos. Mais encore fallait-il que l’exécution soit au rendez-vous.

Predator: Hunting Grounds  // Source : Sony

Predator: Hunting Grounds

Source : Sony

Heureusement qu’il y a la fidélité

Quid de la convivialité ?

Predator: Hunting Grounds, de part ses limites avérées, peut faire l’affaire quelques soirées si l’on y joue entre amis. Les fous rires peuvent aider à faire oublier que c’est mauvais et il ne faut pas oublier que l’aspect coopératif est important.

La Fox n’a pas voulu que l’on fasse n’importe quoi avec sa propriété intellectuelle. En ce sens, Predator: Hunting Grounds respecte beaucoup des codes mis en place dans le long métrage de 1987. Des bruitages à la modélisation du personnage, en passant par les quelques traits d’ambiance (l’arrivée en hélicoptère, avec lumière rouge), le titre s’inscrit dans une authenticité qui fera plaisir aux fans. Il faudra néanmoins fermer les yeux sur le rendu graphique : sur une PS4, même Pro, il n’a vraiment pas « une gueule de porte-bonheur ». On se croirait revenu une génération en arrière, avec des textures laides, des approximations techniques douloureuses et un framerate à peine confortable. Heureusement qu’il y a le sound design, pensé pour participer au gameplay (les bruits émis par le Predator), pour sauver un peu la mise.

Visuellement raté, Predator: Hunting Grounds pêche surtout dans ses intentions, pas vraiment aidées par des ambitions qui ne grimpent pas bien haut. Le problème du multi asymétrique se situe dans l’équilibrage des forces en présence. Il y avait la crainte d’un Predator trop puissant mais c’est plutôt l’inverse qui se produit : les soldats, s’ils communiquent bien et ne s’éparpillent pas, n’auront aucun mal à s’en sortir. C’est d’autant plus vrai qu’ils n’ont même pas besoin de tuer le Predator pour remporter la partie. Leur objectif est de remplir des missions génériques et répétitives sur une carte étriquée (trois au choix, avec une variété presque inexistante), protégés par une intelligence artificielle à la faible résistance. C’est là où Illfonic a loupé le coche : il aurait pu aller plus loin en faisant s’affronter deux escouades — des soldats et des malfrats — pendant que le Predator vient jouer les trouble-fête. Il y avait même matière à imaginer une matérialisation de la célèbre formule « L’ennemi de mon ennemi est mon ami », avec une tension palpable susceptible de passer d’un camp à l’autre.

Predator: Hunting Grounds  // Source : Sony

Predator: Hunting Grounds

Source : Sony

Mais il n’y a rien de tout cela dans Predator: Hunting Grounds. Plus vulnérable qu’il n’y parait et pas suffisamment armé au début, le Predator doit se débrouiller pour ramasser un maximum de trophées avant que les humains ne quittent la partie (spoiler : il peut tenter de se faire exploser pour forcer le match nul). Cet écart entre les objectifs implique par essence un déséquilibre éreintant, puisque les soldats peuvent vivre leur vie sans trop se soucier du Predator. Ce dernier dispose pourtant d’outils — invisibilité, pièges, vision infrarouge — et d’options de déplacement — bonds, accrobranche — pour traquer ses proies. Mais, trop souvent, c’est lui qui devient le chassé.

À ces défauts s’ajoute un manque de logique dans l’équipement : chaque partie permet d’emmagasiner de l’expérience pour grimper en niveau et débloquer de nouvelles armes. Par conséquent, il faut jouer plusieurs heures avant de réellement se sentir puissant — toujours du coté du Predator. Il aurait été plus judicieux d’opter pour une mécanique typée Battle Royale (on ramasse de l’équipement dans les environnements). Surtout que le matchmaking, intégrant du cross-play PS4/PC, mélange les joueurs de différents niveaux.

Predator: Hunting Grounds pêche surtout dans ses intentions

À noter que Predator: Hunting Grounds n’offre pas du tout la même prise en main entre le Predator et les humains. L’extraterrestre, qui bénéficie d’un mini tutoriel, se joue en vue à la troisième personne, avec des déplacements approximatifs manquant de fluidité. De leur côté, les soldats s’appuient sur une vue à la première personne, façon FPS — mais avec un feeling des armes risible (quand on le compare aux productions les plus récentes).

En termes de modes de jeu, il n’y en a qu’un seul. Les développeurs n’ont intégré aucune variante qui pourrait donner envie de donner sa chance à Predator: Hunting Grounds. Les plus acharnés, c’est-à-dire celles et ceux qui accepteront les nombreux défauts, pourront toujours se contenter des caisses de butin permettant de débloquer des éléments de personnalisation.

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