Le postérieur, l’arrière-train, le séant, l’assise, le popotin, la lune… autant de mots pour désigner les fesses, mais bien peu d’entrain quand il s’agit de les montrer. C’est du moins l’orientation que l’on pourrait attribuer aux développeurs du remaster de Final Fantasy Tactics, qui paraissent décidés à dissimuler celles du héros principal.

Grâce aux avancées techniques, le monde du jeu vidéo n’a pas cessé de progresser visuellement ces dernières décennies : la bouille de pixels et les silhouettes disgracieuses faites de polygones maladroits ont laissé la place à des personnages aux proportions plus réalistes, et surtout aux lignes plus précises. Cela, y compris pour ce qui est des postérieurs masculins, dont la modélisation atteint des sommets jamais vus dans divers titres, que ce soit chez Nintendo ou Sony.

Alors que la révolution est en marche et que le séant masculin bénéficie enfin d’une représentation digne de ce nom, incarnée par des figures héroïques telles que Solid Snake ou même Mario, certains développeurs choisissent de faire machine arrière, et de jeter un voile pudique dessus, au grand dam des joueuses comme des joueurs.

Une image vaut mille mots // Source : itsjoelle.bsky.social
Une image vaut mille mots. // Source : itsjoelle.bsky.social

La nouvelle victime de ce revirement se trouve dans le récent Final Fantasy Tactics et implique Ramza, personnage principal du jeu et guerrier aguerri. Des heures d’entraînement intensif, de batailles épiques et de longues marches à travers les plaines d’Ivalice ont participé à sculpter cette forme callipyge que les fans de la licence ne manquaient pas d’apprécier dans l’épisode original. Or, ce derrière emblématique du héros a été censuré dans l’introduction du remaster The Ivalice Chronicles.

Là où ce séant apparaissait nettement dans la séquence d’ouverture, une ombre plane désormais dessus, comme le montre une publication publiée le 1er octobre 2025 sur Bluesky par l’utilisatrice Joelle.

Ce n’est pas la première victime

Ce nerf des fesses masculines n’est pas une première. Les joueuses et les joueurs se souviennent de la réduction de l’arrière-train de Solid Snake dans la licence des Super Smash Bros, ou encore de Wario, dont l’épique lune s’est vu réduite à peau de chagrin dans Mario Kart. À croire que c’est devenu nécessaire de modérer les reliefs un peu trop marqués pour revenir à des rondeurs plus sobres.

Une tragédie en trois actes // Source : @topherflorence - X
Une tragédie en trois actes. // Source : @topherflorence – X

Derrière ces plaisanteries et anecdotes prises ici ou là, il demeure crucial de rappeler que l’égalité et la représentation des personnages ne doivent pas rester un détail comique, mais un axe fondamental pour que le jeu vidéo reste un univers inclusif et artistiquement crédible, quitte à ce que le séant de nos champions devienne plus discret.

L’affaire révèle aussi un paradoxe, car on assiste tout à lafois à une certaine pudeur à l’égard des hommes, dans un environnement vidéoludique où les femmes sont largement sensualisés. La sexualisation dans la communauté du gaming reste encore très prégnante, et alors que Square Enix décide de masquer le postérieur de leurs personnages, d’autres optent pour moins de retenue.

Un exemple parmi d’autres : lors d’une interview accordée à GameSpark le 30 septembre, le producteur Beom-jun Lee et le réalisateur Min-seok Joo ont évoqué les costumes sexys des héroïnes dans leur jeu The First Descendant, un titre souvent comparé à Stellar Blade pour leur character design similaire.

Stellar Blade // Source : Capture d'écran
L’approche de Stellar Blade, destinée à flatter le regard masculin. // Source : Capture d’écran

Les développeurs arguent que le concept des personnages doit s’accompagner, selon eux, de tenues révélatrices, l’intégration de la « sensualité » étant considérée comme une forme d’art au sein de leur équipe. La question du derrière de Ramza, qui n’apparaît d’ailleurs que dans une illustration, paraît bien anodine en comparaison. Mais elle reste une excellente occasion de remettre une pièce dans le débat.

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