La WGA, le syndicat des scénaristes aux États-Unis, a finalement obtenu un accord avec les studios, et notamment les studios de streaming (Netflix, HBO). Il y a de nombreuses avancées pour la rémunération et contre l’intelligence artificielle.

Les scénaristes avaient posé leurs stylos (et claviers). Cette grève, à Hollywood, avait commencé le 2 mai 2023. Après cinq mois, elle vient de s’achever, avec un nouvel accord signé le 25 septembre 2023 et qui s’étendra jusqu’en mai 2026. Les syndicats de scénaristes (la WGA) ont globalement obtenu gain de cause sur leurs revendications. De fait, l’écriture et la production des séries TV — comme The Last of Us par exemple — vont pouvoir reprendre.

Les demandes des scénaristes étaient divisées en deux catégories : des protections contre l’intelligence artificielle, une meilleure rémunération (et plus largement une meilleure considération économique et sociale de la part des studios — de streaming en particulier).

Des protections contre l’IA

Face au développement de l’IA dans la production audiovisuelle, cet accord met en place un bon nombre de garanties pour que cet outil ne touche pas à l’intégrité des métiers de la création scénaristiques :

  • Les outils propulsés par IA « ne peuvent pas écrire ou réécrire du contenu littéraire, et le contenu généré par l’IA ne sera pas considéré comme du contenu source »,
  • Les studios ne peuvent pas imposer aux scénaristes l’usage de logiciels, comme ChatGPT, mobilisant l’IA (et les studios doivent préciser quand des documents ont utilisé entièrement ou partiellement un tel logiciel),
  • L’utilisation des contenus écrits par les scénaristes est proscrite pour entraîner des IA.
La grève des scénaristes de 2023 s'opposait au développement de l'IA. // Source : Fabebk/Wikimédias
La grève des scénaristes de 2023 s’opposait au développement de l’IA. // Source : Fabebk/Wikimédias

Des changements financiers

Dans le milieu du streaming, en particulier, le partage des bénéfices était un véritable problème, tout comme le minimum de rémunération. Cela change :

  • Les minimums légaux de paiement augmenteront à tout point de vue, dès la ratification de l’accord, de même que la structure de rémunération va permettre des paiements plus rapides, avec une meilleure protection sociale.
  • Des primes mises en place pour les séries et les films destinés aux plateformes de streaming seront basées sur le nombre d’abonnés aux États-Unis, mais aussi à l’étranger (c’était précédemment un problème : la rémunération en droits d’auteur ne dépendait pas de la croissance de ces plateformes, notamment de la croissance en dehors du sol américain, où les œuvres sont pourtant massivement regardées).
  • Les services de streaming se voient aussi imposer le partage des données de visionnage — comme le nombre d’heures visionnées pour une œuvre — auprès de la WGA, étant donné qu’une part de la rémunération des scénaristes en dépend. « Les sociétés [de production] acceptent de fournir à la Guilde, sous réserve d’un accord de confidentialité, le nombre total d’heures diffusées, tant au niveau national qu’international, pour les programmes de diffusion en continu à budget élevé autoproduits », explique effectivement la WGA. Malgré l’accord de confidentialité, la Guilde pourra partager certaines informations avec ses membres sous une forme « agrégée ».

Le partage des données de visionnage, même si une partie restera confidentielle, n’est pas un détail : cela ajoute un ingrédient de transparence qui manquait gravement au streaming depuis son essor. Ces métriques ont toujours été entourées d’un flou artistique dans la SVOD. Netflix ou Prime Video pouvait très bien annuler un projet pour, officiellement, un manque d’audience, sans que cela soit pleinement vérifiable. Dorénavant, le suivi sera plus proche de la réalité, ce qui sécurise aussi davantage les équipes créatives.

Source : Montage Numerama

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