« Eeeeeet j’gagne encore 37 followers sur ma page Instant Death parce que je vous ai déjà plié cinq fois, biiiim ! », balance l’un des employés de la société Death Inc. à son propre patron, avec une arrogance affirmée. C’est un sacré bazar depuis que les effectifs ont décidé de n’en faire qu’à leur tête face à l’accumulation des tâches. Face à l’esprit de rébellion qui traîne dans les locaux, la Mort est au bord du burnout et la meilleure manière de reprendre le contrôle est de calmer ses sbires une bonne fois pour toutes. Dans Have a Nice Death, qui sème la mort s’appelle la Mort.
Encore un rogue-like penseront certains. Have a Nice Death, développé par un studio situé à Montpellier, veut effectivement s’épanouir dans un genre que la scène indé a transformé en véritable Eldorado. Il entre donc en concurrence directe avec des productions comme Dead Cells, Hades, The Binding of Isaac ou encore Rogue Legacy 2. Des pointures qu’il n’est pas aisé de bousculer. Cela nécessite de solides appuis pour envisager de se frotter à eux. Have a Nice Death s’est quand même bien préparé : cela fait plusieurs mois qu’il est disponible en accès anticipé sur PC et le 22 mars 2023 est enfin le jour du jugement dernier.
Have a Nice Death évite la banqueroute
Pour se démarquer, il n’y a rien de mieux que de taper dans l’œil. Visuellement, force est de reconnaître que Have a Nice Death touche au divin. Animée avec brio, cette plongée dans le quotidien d’une entreprise en crise se pare d’une direction artistique exquise. Le design général, à la fois lugubre et attachant, transpire le travail bien fait et l’envie de donner naissance à un univers autant crédible qu’atypique. La réalisation en 2D est vraiment de qualité et il y a paradoxalement beaucoup de vie dans ce monde célébrant la mort.
Have a Nice Death s’appuie sur un charme indéniable, aussi bien dans le design des personnages que dans ce qu’ils racontent. Death Inc. devient le théâtre des travers du monde professionnel, avec un argument humoristique toujours présent. Irrespect de la hiérarchie, plaintes multiples sur les salaires ou les conditions de travail, potins, en veux-tu, en voilà… On se croirait parfois à la machine à café avec un collègue qu’on fait mine d’apprécier tant il passe un peu trop de temps à vomir sa vie trop routinière et ordinaire. Sauf que là, on joue un PDG prêt à tout casser.
Have a Nice Death se nourrit par ailleurs d’une forme de paradoxe, lié à un ton tout à la fois cruel et mignon. Avec sa bouille, sa petite taille et sa dégaine, la Mort n’est pas crédible pour un sou dans son rôle de tyran souhaitant que ses subalternes filent droit. Ça, c’est le côté un peu absurde du récit simpliste qui multiplie les dialogues rigolos. Mais il y a aussi de vraies scènes de tristesse, notamment quand des pauvres frites se mettent à pleurer dans les couloirs du département de l’agroalimentaire. Ce lieu se définit comme « un conglomérat de machineries, de tapis roulants et de cuves remplies de tout ce que l’on peut faire fondre ou cuire pour donner une apparence appétissante à un casse-croûte enrichi aux substances immondes. »
Un gameplay peut-être un peu trop nerveux
La détermination de la Mort à vouloir remettre de l’ordre se lit aisément dans le gameplay de Have a Nice Death. Dès les premières secondes, on se rend compte que cet anti-héros, pourtant blasé comme jamais, est hyper nerveux dans ses mouvements. En résulte une expérience pêchue, qui donne l’impression d’incarner une puce insaisissable, capable de sauter partout avec une vivacité inouïe. C’est très déconcertant au début et c’est un sacré coup à prendre : la Mort va tellement vite, qu’elle peut nous conduire à faire des erreurs.
Dans Have a Nice Death, les erreurs se paient cash. En effet, la barre de vie a tendance à se vider en un éclair. Pour éviter d’avoir à tout recommencer, il est nécessaire de bien placer ses esquives et d’écourter au maximum les combats. Bien sûr, à mesure que l’on progresse dans l’aventure, on récupère des armes et des pouvoirs toujours plus puissants, dans la plus pure tradition des jeux du genre. Sur le gameplay, Have a Nice Death ne cherche pas réellement à se démarquer, préfère se concentrer sur le fruit d’un travail bien fait.
Rogue-like oblige, Have a Nice Death pimente l’expérience en intégrant la mécanique Die&Retry. Vous risquez de souvent échouer dans le jeu, mais c’est voulu. Monter d’étage en étage implique de connaître des échecs, qui se transforment en leçons pour les tentatives suivantes (la nature des salles traversées est importante). Dans la courbe d’apprentissage, Have a Nice Death atteint vite son plafond mais, au moins, il n’est jamais décourageant. D’une run à l’autre, on conserve l’or ramassé et on gagne de l’expérience permettant de débloquer des avantages permanents.
Les niveaux de Have a Nice Death sont bien évidemment générés de manière procédurale, avec un échantillon assez faible de pièces différentes. De la même manière, les compétences auxquelles on peut avoir accès sont aléatoires. Il est néanmoins possible de mitiger cette facette du jeu en sélectionnant le type de pièce dans lequel on veut rentrer ou en redistribuant les cartes de pouvoir. De cette manière, on peut mieux orienter son aventure, jusqu’à assister à l’une des deux fins.
Le verdict
Have a Nice Death
Voir la ficheOn a aimé
- Visuellement incroyable
- L’humour
- Gameplay efficace
On a moins aimé
- Héros un peu trop nerveux
- Manque de clarté dans les mécaniques
- Plafond de progression assez bas
Après de longs mois passés en accès anticipé, Have a Nice Death sort enfin de sa grotte pour étaler sa direction artistique magnifique et son humour décapant. On y incarne la Mort en personne, sauf qu’elle n’est pas au top de sa forme. Patronne d’une entreprise en déliquescence, elle doit reprendre le contrôle alors que ses sbires se rebellent.
Have a Nice Death est surtout un rogue-like d’une efficacité redoutable, en dépit de limites qui l’empêchent de se frotter aux ténors du genre, en matière de progression notamment. Il n’empêche, il parvient à éviter la place du mort en se montrant capable de captiver de bout en bout. En prime, il est développé par un studio français.
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