Le SNEP ne veut pas abandonner l’idée de filtrer les réseaux P2P, voire de les bannir totalement des tuyaux des opérateurs de télécommunications. Malgré la publication de tests qui mettent en doute la possibilité technique et financière de mettre en place un filtrage généralisé de l’échange de fichiers, le directeur général du Syndicat national des éditeurs de phonogrammes (SNEP) demande aux FAI de… faire des tests.

Les temps sont durs pour le SNEP. Le syndicat qui défend les intérêts des majors du disque en France a de plus en plus de mal à respirer entre un chiffre d’affaires qui s’écroule de mois en mois, une lutte contre le piratage qui ne montre aucun résultat positif, une rémunération pour copie privée de plus en plus contestée, et une riposte graduée qui leur était promise mais qui risque fort de ne jamais voir le jour suite au vote européen qui la tue dans l’oeuf. Comme si tout cela ne suffisait pas, une étude commandée par le SNEP dont les résultats ont été partiellement publiés montre que le filtrage des réseaux P2P n’est pas une solution viable techniquement. Economiquement, selon les opérateurs, le coût de sa mise en place en France serait même supérieur au coût supposé du piratage.

Mais en ces temps difficiles, le SNEP se raccroche à ce qu’il peut, jusqu’à demander l’absurde et l’impossible. Il tient malgré tout à faire respecter les engagements des fournisseurs d’accès à Internet, qui se sont engagés dans l’accord Olivennes « à collaborer avec les ayants droit sur les modalités d’expérimentation des technologies de filtrage des réseaux disponibles« . Les FAI disposent de 24 mois pour honorer cet engagement, et trainent encore des pieds. Le SNEP s’impatiente.

Pourtant, est-ce bien utile de persister puisque ses propres tests ont fait flop ? « Et bien non, ce n’est pas la vérité« , récuse Hervé Rony, le directeur général du SNEP, dans une tribune publiée par Electron Libre. « Certains éléments demeurent strictement confidentiels et je ne vais donc pas dévoiler plus qu’il ne faut« , assure-t-il. Il faut le croire sur parole. Il y a des choses que nous ne savons pas mais qui prouvent que si si, le filtrage est possible, et il faut que les FAI procèdent aux expérimentations. Parole de SNEP.

Hervé Rony dénonce les fournisseurs d’accès qui « ne sortent malheureusement pas de leur posture ultra rigide« . « Que risquent-ils » à faire des tests, demande Hervé Rony, « puisque, nous disent-ils, aucune méthode de filtrage ne peut fonctionner (protocole ou contenus). Si c’est vrai alors, qu’ils prennent le risque des tests !« . Bon point.

« Pourquoi cette fermeture totale quand on entend ici ou là dire que plus d’un fournisseur d’accès pratiquerait une sorte de « régulation de trafic » limitant tel usage de bande passante ? C’est bel et bien une manière sinon de contrôler l’accès au réseau au moins son usage, me semble-t-il ». A nouveau, Hervé Rony confond le filtrage des contenus illicites sur les réseaux P2P, qui n’est pas condamnable dans son principe, avec le filtrage des protocoles qui sont neutres par nature et servent à véhiculer des données parfaitement légitimes. Même à considérer que le blocage des réseaux P2P dans leur ensemble est possible, c’est une violation de la neutralité du réseau qui ne pourrait être acceptée politiquement.

Le directeur général du SNEP demande pourtant l’intermédiation du gouvernement pour faire respecter les accords Olivennes sur l’expérimentation du filtrage. « Par la suite, il appartiendra à la future autorité indépendante prévue par la mission Olivennes d’exercer son expertise« , rappelle Hervé Rony.

« J’avoue que cette attitude de camp retranché me laisse perplexe. Je ne suis pas du tout convaincu qu’à terme, elle serve les opérateurs« , ajoute-t-il. Et en matière de camp retranché qui ne sert pas ses acteurs, le représentant des majors du disque s’y connaît.

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