Cédric O reste secrétaire d’État au numérique, mais l’intitulé de sa fonction change. Il est dorénavant responsable de la Transition numérique et des Communications électroniques.

Ça y est : trois semaines après la nomination des ministres, le gouvernement Castex a enfin désigné ses secrétaires d’État. Au nombre de onze, ils comptent quelques nouveaux venus, mais des vétérans de la précédente équipe gouvernementale. Sur le front du numérique, il n’a toutefois pas eu de changement : Cédric O, qui occupait ce poste depuis un an et trois mois, a été reconduit. Il avait remplacé Mounir Mahjoubi fin mars 2019.

Cédric O prend en charge les télécoms

Mais si la personnalité reste, l’intitulé de la fonction change. Fini le secrétariat d’État chargé du Numérique. L’intéressé est maintenant responsable de la Transition numérique et des Communications électroniques. Ses deux ministres de tutelle sont Bruno Le Maire, en charge de l’Économie, des Finances et de la Relance; et Jacqueline Gourault, pour la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales.

Cette modification du titre n’est pas anodine : elle traduit une évolution du périmètre d’action de Cédric O. Cela reflète aussi une précision de ses missions. Il n’est plus question de numérique, un terme fourre-tout qui évoque aussi bien l’informatisation croissante de la société que les usages. Désormais, c’est de transition numérique dont il est question, avec des enjeux de fracture numérique, et de télécoms.

Cédric O

Cédric O, en mai 2019.

Source : Pierre Metivier

C’est d’ailleurs ce que dit le secrétaire d’État, dans une série de messages publiés après sa confirmation à son poste : « Sans connexion, pas d’usages », fait-il remarquer. Dès lors, les réseaux télécoms sont comme « l’épine dorsale de la transformation numérique », qui tient aujourd’hui « une part prépondérante dans nos vies ». Mais cette révolution doit aussi être accompagnée, « pour que chacun en bénéficie ».

Cédric O devient le M. Télécoms du gouvernement, puisque  c’est lui qui va maintenant s’occuper des réseaux filaires (comme la fibre optique) comme de l’Internet mobile (donc la 4G et la 5G), et des plans de couverture associés, comme le New Deal Mobile pour résorber les dernières zones blanches sur le territoire, et le plan France Très Haut Débit, pour améliorer la qualité des accès.

De fait, si le ministère du Numérique n’existe toujours pas en France, ce secrétariat d’État paraît donc avoir des prérogatives plus larges, car il récupère aussi des dossiers qui étaient gérés par d’autres collègues. C’est typiquement le cas de la 5G, le gros dossier à venir en matière de réseau sans fil, qui était jusqu’à présent suivi par Agnès Pannier-Runacher, ex-secrétaire devenue entretemps ministre déléguée chargée de l’Industrie.

Comme le remarque Le Monde, le fait que Cédric O soit placé à la fois sous la tutelle de Bruno Le maire et Jacqueline Gourault manifeste la volonté de voir un numérique engagé au service de l’économie, des emplois et des territoires — ce qui est une autre facette de la fracture numérique, puisque les réseaux haut et très haut débit sont perçus comme un moyen de désenclaver des territoires et de renforcer leur attractivité.

Maintenu malgré des dossiers controversés

Sur les réseaux sociaux, le maintien de Cédric O à son poste a été diversement apprécié, car son bilan politique est contrasté : il a certes lancé un indice (Next40) regroupant les 40 startups françaises les plus prometteuses « pour devenir des leaders technologiques de rang mondial », un projet que défendait déjà Mounir Mahjoubi en son temps, mais d’autres dossiers ont été plus controversés.

C’est le cas de loi contre la haine en ligne, un texte porté par la députée Laetitia Avia et qu’il a soutenu, mais qui a été lourdement censurée par le Conseil constitutionnel pour ses effets trop néfastes à l’égard de la liberté d’expression, ou bien du programme Alicem, qui est la future application gouvernementale fondée sur la reconnaissance faciale, avec tout ce que cela induit comme risques et dérives.

Connexion Alicem

Cédric O s’est positionné en faveur d’Alicem, une application faisant appel à la reconnaissance faciale pour se connecter aux services de l’État. Il a dénoncé entre autres les fantasmes sur cette technique biométrique.

Mais surtout, le principal fait d’armes de Cédric O aura été d’assurer le suivi politique de l’application StopCovid, qui a été conçue pour faciliter l’information aux personnes s’il est établi qu’elles ont croisées des malades du coronavirus. Le projet, qui se sert d’une liaison Bluetooth entre smartphones, devait permettre de soutenir le suivi épidémiologique de la maladie. Mais de toute évidence, le public n’a pas suivi.

StopCovid, depuis son annonce en avril, a été l’objet de nombreuses polémiques et il peut apparaître curieux de maintenir en poste quelqu’un qui n’a ni su éteindre les controverses ni de toute évidence réussi à convaincre la population d’utiliser StopCovid — même si on recenserait près de 2 millions d’utilisateurs. Cependant, cela peut aussi se lire autrement : Cédric O a aussi défendu contre vents et marées un projet complexe dans un contexte de crise sanitaire aiguë. Certes, cela n’a visiblement pas marché. Mais quelque chose aura été tenté. Et cela a de toute évidence été vu à Matignon comme à l’Élysée.

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