C’est l’un des plus graves accrochages qui implique la Turquie depuis qu’elle est active militairement en Syrie. Le 27 février, une frappe aérienne à Idlib, ville du nord-ouest du pays qui est le théâtre d’affrontements très durs, a tué plus de trente soldats turcs. L’attaque a été menée par Damas, qui bénéficie d’un appui des forces russes depuis 2015, pour aider le régime dans la guerre civile qui ravage le pays. Ankara assure avoir riposté lourdement et neutralisé quelques centaines de troupes adverses.
Mais il n’y a pas que sur le front syrien que la Turquie se crispe : selon un compte-rendu du site NetBlocks.org, qui anime un observatoire de la liberté d’accès à Internet, l’accès des internautes turcs aux principales plateformes sociales a été perturbé pendant plusieurs heures, peu après la sortie des premières informations sur l’incident. Ce n’est qu’en milieu d’après-midi, le 28 février, que la situation est progressivement revenue à la normale, après les premières complications survenues la veille au cours de la soirée.
Les principaux réseaux sociaux touchés
NetBlocks.org a relevé des difficultés d’accès pour Twitter, Facebook, Instagram, YouTube, WhatsApp et Messenger. Instagram et Twitter ont été particulièrement touchés, d’après le suivi de l’observatoire, avec par moments l’impossibilité totale d’y accéder depuis le pays. Les différents fournisseurs d’accès à Internet — Türk Telekom, Turkcell, Vodafone, etc. — ont été affectés, mais à des degrés divers en fonction des sites et des services qui étaient pris pour cible.
« Le black-out a dépassé les restrictions, en termes de durée, observée lors de la tentative de coup d’État de 2016, de l’assassinat de l’ambassadeur russe Karlov et de deux des trois attentats à la bombe d’Ankara », observe NetBlocks.org. Ces mesures de blocage provisoires sont la traduction de mesures législatives prises en 2016 qui offrent à Ankara la latitude d’imposer des restrictions sur les réseaux sociaux en temps de guerre ou au nom de la sécurité nationale.
L’inclinaison qu’a la Turquie de censurer l’accès aux sites web en fonction des évènements a déjà fait l’objet de sévères critiques régulières par le passé notamment en Europe et aux États-Unis. C’est le cas de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), qui en 2015 a condamné le pays pour l’étendue excessive de ses dispositions dès qu’il s’agit de limiter la diffusion d’un contenu, « les interdictions générales de fonctionnement frappant certains sites et systèmes [n’étant] pas compatibles » avec le cadre européen.
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