Un parlementaire de La République en Marche a demandé au gouvernement s’il ne serait pas judicieux d’interdire les écouteurs et les casques audio dans la rue, au nom de la sécurité routière, ou en tout cas d’en restreindre l’usage. Le ministère de l’Intérieur a écarté cette idée.

C’est devenu une pratique très courante : le long des trottoirs, à vélo ou bien dans les rames de métro, les passants ont pris l’habitude de se déplacer avec des écouteurs ou un casque audio pour écouter de la musique ou bien un podcast pendant leur trajet. Sauf que si le port ne pose pas de problème de sécurité routière lorsque l’on est assis dans le bus ou dans le train, c’est plus risqué dans la rue à cause de la circulation.

C’est justement sur ce point que le député Jean-Philippe Ardouin, de la Charente-Maritime, a voulu attirer l’attention en sollicitant une réaction du gouvernement. Dans une question publiée le 22 octobre dernier, il demandait au ministre de l’Intérieur d’agir sans tarder pour prévenir les accidents de la circulation impliquant des piétons pris en train d’écouter de la musique, parfois avec un volume sonore trop élevé.

Pour le parlementaire membre de La République en marche, si ce comportement « touche l’ensemble des classes d’âge », il est particulièrement prononcé chez les adolescents. « Les adolescents, dans leur trajet vers le collège ou le lycée, écoutent leur MP3 avec un volume important et semblent vivre dans un autre monde, oubliant les règles essentielles du code de la route », regrettait-il.

Carlos ZGZ

De la prudence et de la jugeote sont recommandées au moment de traverser les voies. // Source : Carlos ZGZ

Pas d’interdiction en vue

Réponse, quatre mois après, des services de Christophe Castaner : il n’est absolument pas prévu aujourd’hui d’interdire l’usage des écouteurs ou du casque dans la rue. Une mesure de cette nature « serait d’ailleurs difficilement applicable par les forces de l’ordre », estime la Place Beauvau. À la place, le ministère rappelle une recommandation de bon sens pour les passants écoutant de la musique.

Ainsi, il est conseillé de régler le volume sonore à un niveau convenable, de façon à pouvoir entendre les véhicules, tout particulièrement au moment d’emprunter les passages pour piétons. « Le rôle de la prévention est essentiel », pointe l’exécutif, à travers des campagnes de sensibilisation et des rappels des bonnes pratiques à observer dans la rue, que ce soit au niveau des passants ou des conducteurs.

Cette approche est loin d’être nouvelle. On la retrouve par exemple dans un dépliant de 2013. Dans celui-ci, il est écrit que « l’usage des baladeurs musicaux doit se faire à un volume qui permette d’entendre les véhicules, notamment dans la traversée de la chaussée ». Il est aussi déconseillé de téléphoner ou de se servir de son smartphone à ce moment-là, ce que rappelle d’ailleurs le ministère.

« Le rôle de la prévention est essentiel »

L’attention à son environnement immédiat est d’autant plus nécessaire aujourd’hui que se développent divers moyens de locomotion relativement silencieux. C’est le cas des voitures électriques, mais aussi des vélos, des trottinettes, des monocycles, des rollers ou des skateboards, qui ne sont pas tous équipés de sonnettes — et qui peuvent être de toute façon peu audibles avec un casque, surtout à réduction de bruit.

Dans ces conditions, il est convient à chaque fois de changer de trottoir de retirer un écouteur ou son casque le temps de la traversée et de bien faire ses contrôles visuels de chaque côté, pour ne pas se faire surprendre par un automobiliste, un cycliste, un motard ou tout autre usager de la route. Le reste du temps, le volume sonore ne doit pas être trop haut, ne serait-ce que pour préserver votre audition.

Si un jour la réglementation venait à changer, il est probable que la contravention qui serait infligée à un piéton écoutant de la musique au mauvais endroit s’élèverait à 4 euros. C’est en effet ce montant qui est prévu pour les amendes de première classe, par exemple quand une personne traverse en dehors des passages cloutés alors qu’il y en a à un moins de 50 mètres de distance. Une sanction qui est toutefois rarement infligée.


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