Pour la première fois, Uber a rendu public ce jeudi 5 décembre son rapport sur la sécurité des courses effectuées aux États-Unis. Le document, qui couvre l’année 2018 et une partie de 2017, révèle l’ampleur des agressions subies.
Agressions sexuelles, viols et meurtres
Le rapport fait ainsi état de 3 045 agressions sexuelles subies durant un trajet en Uber en 2018. Ce chiffre comprend entre autres les viols : 235 ont été rapportés. La majorité des autres agressions étaient des baisers forcés ou attouchements sexuels. Selon Uber, les chauffeurs et chauffeuses signaleraient autant de cas que les passagers et passagères.
Le nombre d’agressions a augmenté par rapport à l’année précédente : en 2017, 2 936 agressions sexuelles avaient été signalées aux États-Unis. Il est aussi probablement sous-estimé, car la plupart des agressions sexuelles ou viols restent non signalés par les victimes, qui ont peur, honte, ou qui n’ont pas toujours conscience que ce qu’elles ont subi est pénalement répréhensible.
Le rapport mentionne également 9 meurtres durant un trajet Uber, et 58 morts liées à des accidents de voiture.
3,1 millions de trajets sont effectués chaque jour dans le pays. Sur l’année 2018, cela représentait au total 1,3 milliard de trajets. Afin de fournir du contexte, Uber indique que 36 000 personnes sont décédées sur la route en 2018 aux États-Unis et qu’en 2017, on y a compté 20 000 homicides.
La personne en charge de ces questions-là chez Uber, Tony West, a expliqué au New York Times qu’Uber était « le reflet de la société qu’il sert. » On estime par exemple que 44 % des femmes vivant aux États-Unis ont subi dans leur vie une agression sexuelle ou un viol (un chiffre là encore probablement sous-estimé).
Le CEO, Dara Khosrowshani, a publié un communiqué sur Twitter dans lequel il écrit : « J’imagine que des personnes seront surprises du nombre assez faible d’incidents. D’autres diront à raison que c’est encore trop. »
Uber, c’est over
Depuis quelques jours, les témoignages sous le hashtag #UberCestOver (Uber c’est terminé) se multiplient sur les réseaux sociaux ou dans les médias. De nombreuses femmes racontent les agressions sexuelles ou viols qu’elles auraient subi lors de trajets en VTC.
L’une d’entre elles, Anaïs, a raconté à Konbini News son histoire. Elle met Uber en cause, car son agresseur n’était même pas censé être au volant. Il s’agissait du frère du chauffeur qu’elle aurait dû avoir, qui avait pu emprunter son compte. Elle explique qu’il avait un casier judiciaire déjà bien rempli, notamment pour violences conjugales.
En avril, une femme américaine, qui explique avoir été agressée par son chauffeur, a déposé plainte contre Uber pour négligence et non-respect des mesures de protection des consommateurs. D’autres plaintes ont été déposées, notamment en Inde en 2017, par une femme qui avait été violée par son chauffeur en 2014. Sa plainte portait sur la divulgation par Uber d’une partie de son dossier médical, contre son accord. Il avait été transmis à des employés de la firme, et même au CEO.
Uber n’est pas la seule entreprise à être pointée du doigt. La semaine dernière, 19 femmes ont poursuivi Lyft en justice. Elles accusent l’entreprise de VTC de ne pas avoir fait suffisamment pour empêcher que des chauffeurs n’agressent les passagers et passagères. Une femme qui a témoigné d’un viol subi en 2017 par son chauffeur Lyft a également porté plainte en septembre. 14 femmes ont fait de même, le même mois.
Uber assure avoir renvoyé 40 000 chauffeurs en un an. L’entreprise a aussi mis en place des mesures pour mieux s’assurer que les chauffeurs ont un casier vierge. Ils doivent désormais faire un selfie avant de pouvoir prendre des passagers. Des boutons de signalement pour les victimes ont enfin été ajoutés.
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