Le directeur général de YouTube au Royaume-Uni s’est exprimé au sujet des vidéos complotistes. Il estime que certaines peuvent rester en ligne, mais avec des précautions.

YouTube ne supprime pas systématiquement les vidéos conspirationnistes. La plateforme préfère parfois y apposer un simple encadré informatif, prévenant les utilisateurs que le contenu qu’ils vont regarder pose question. Le directeur général de la firme au Royaume-Uni a expliqué ce choix… avec des justifications pour le moins surprenantes, a rapporté le Telegraph ce 19 septembre.

Toutes les théories conspirationnistes ne se vaudraient pas

Selon Ben McOwen Wilson, toutes les théories du complot ne seraient pas à jeter dans le même sac. Il a distingué dans une interview à la Royal Television Society celles qui peuvent « blesser » des communautés de celles qui, selon lui, ne feraient pas de mal.

Ben McOwen lors d'une interview, en 2015. // Source : Capture d'écran YouTube / Horizont Online

Ben McOwen lors d'une interview, en 2015.

Source : Capture d'écran YouTube / Horizont Online

Il range dans cette seconde catégorie les théories conspirationnistes autour de l’attentat du 11 septembre 2001 — à cause duquel près de 3 000 personnes sont mortes et 6 000 blessées d’après un rapport officiel. YouTube ne retirera pas de sa plateforme les vidéos concernant le 11 septembre, mais elles seront accompagnées d’un petit encadré informatif. Il renvoie vers des sites d’information tiers, sur lesquels les internautes peuvent cliquer s’ils souhaitent vérifier des faits.

Les vidéos sont également moins visibles. L’algorithme a reçu pour consigne de moins les suggérer lorsqu’un utilisateur tape « 11 septembre » ou « 9/11 » (la date en anglais) dans la barre de recherche par exemple. « Vous ne trouverez pas de vidéos [complotistes] », assure Ben McOwen Wilson à ce propos, avant de nuancer ses propos : « Si vous cherchez « 9/11 conspiracy » [théorie du complot en français, nldr] ou les noms de théories particulières, vous tomberez dessus. »

Des mesures plus ou moins efficaces

La mesure semble efficace. En tapant « 9/11 », on obtient effectivement des vidéos publiées par des médias réputés, dont les comptes sont certifiés. Même en effectuant des recherches ciblées sur les théories les plus populaires, il est difficile d’en trouver, ou du moins elles n’apparaissent pas dans les premiers résultats de recherche. Elles ne comportent en revanche pas toutes l’encadré appelant à la précaution. C’est le cas de cette vidéo que nous avons trouvée en tapant « 9/11 fake » (le 11 septembre est faux), dans laquelle un internaute explique que les images de la collision seraient truquées et qu’aucun avion n’aurait provoqué l’effondrement des tours du World trade center.

Une vidéo sans encadré. // Source : Capture d'écran YouTube

Une vidéo sans encadré.

Source : Capture d'écran YouTube

YouTube fait régulièrement l’objet de critiques quant à sa manière de modérer les théories du complot ou fausses informations. Malgré ses actions, les contenus peuvent rester très visibles. En enquêtant sur les vidéos anti-vaccins mensongères voire complotistes, nous avions ainsi remarqué que des dizaines de vidéos bénéficiaient toujours d’une grande visibilité. Il suffisait de taper des mots clés simples pour les trouver.

Captures d'écran de résultats de recherche YouTube. // Source : Captures d'écran YouTube / Numerama

Captures d'écran de résultats de recherche YouTube.

Source : Captures d'écran YouTube / Numerama

Ces vidéos sont aujourd’hui toujours en ligne et aucun encadré n’y figure, contrairement à ce que YouTube avait annoncé il y a quelques mois. Cela s’explique peut-être par le fait que les vidéos soient francophones et donc plus difficiles à repérer par les algorithmes de la plateforme. Il est en effet beaucoup plus difficile de trouver des vidéos complotistes sur les vaccins en anglais.

Ben McOwen Wilson a argué que les utilisateurs de YouTube venaient sur la plateforme pour entendre des « points de vue authentiques » qui leur ressemblent, contrairement à ce que l’on verrait à la télévision. Pour lui, ce serait ainsi que se démarquerait le site.

Reste à savoir où YouTube placera le curseur entre ce qui relèverait de l’authenticité et ce qui serait une théorie complotiste trop néfaste. Le dirigeant de YouTube UK explique ainsi que s’il tolère des vidéos de désinformation sur le 11 septembre, il a un avis tout autre à propos d’un autre attentat plus récent, celui de l’école primaire de Sandy Hook commis en 2012. Des conspirationnistes disent qu’il aurait été monté de toutes pièces, ce qui dépasse selon lui la limite acceptable. Elles sont « douloureuses et offensantes pour certaines familles impliquées », a-t-il précisé. Est-ce que parce que l’on touche à des enfants, ou parce que l’événement tragique est plus récent ? La plateforme garde pour l’instant ses critères d’appréciation pour elle.

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