Mise en place en avril, la commission d’enquête sénatoriale consacrée à la souveraineté numérique débutera ses auditions le 16 mai.
Pierre Bellanger

Pierre Bellanger en 2014.

Source : Michel Briand

Les travaux de la commission d’enquête sur la souveraineté numérique vont enfin pouvoir véritablement démarrer. Le Sénat a annoncé ce vendredi 10 mai que le cycle des auditions commencera la semaine prochaine avec un premier entretien programmé le 16. C’est Pierre Bellanger, le patron de Skyrock (et des skyblogs) qui ouvre le bal. Un choix qui peut surprendre de prime abord, mais qui a du sens.

Le PDG de Skyrock auditionné

Le gérant de la station de radio se préoccupe depuis de nombreuses années de l’enjeu de la souveraineté numérique. Dès 2011, il avait rédigé une tribune dans Les Échos intitulée « De la souveraineté en général et de la souveraineté numérique en particulier ». Dans celle-ci, il mettait en garde les gouvernants à propos de la maîtrise des données et des services informatiques.

« L’énergie, les transports, l’automobile, l’éducation, la santé, l’agriculture, l’urbanisme, la sécurité, la défense seront métamorphosés par les sociétés de logiciels en réseau. Et les industries de demain (biologie, robotique, informatique, nanotechnologies, génétique) auront comme accélérateur déterminant le génie logiciel », prophétisait-il alors.

Il ajoutait : « Les futurs poids lourds de nos économies sont des sociétés issues du logiciel ou converties au logiciel. Bien sûr nous avons des réussites, des atouts, des champions, des brevets, des infrastructures et des talents, là n’est pas la question. La question est que nous n’en avons pas fait un enjeu de souveraineté ». Il estimait toutefois que tout n’était pas perdu. Mais c’était en 2011.

Les réflexions autour des logiciels en réseau  avaient été développées dans un ouvrage, L’Internet industriel, en conceptualisant la notion de « résogiciel », censé « contrôler en un système unifié les services, les réseaux et les terminaux ». Ce livre, sorti en 2013, sera suivi un an plus tard d’un autre essai, intitulé La souveraineté numérique, écrit après l’affaire des révélations d’Edward Snowden.

La participation de Pierre Bellanger à la commission d’enquête sénatoriale constitue donc la suite logique des évènements pour celui qui fait part de ses observations depuis dix ans. Il n’y aura pas meilleur réceptacle : l’instance entend enquêter en effet sur les « conditions dans lesquelles l’évolution des technologies numériques remet en cause l’exercice de l’État » (défense, fiscalité, sécurité, monnaie…).

L’exercice de l’État bousculé

La création de cette commission d’enquête a été actée début avril, au motif que l’essor du numérique et les transformations technologiques constituent un  « défi colossal » et sont susceptibles de « bouleverser les conditions dans lesquelles l’État exerce sur son territoire ses fonctions régaliennes ». Cela, par l’action d’une « poignée d’acteurs, toujours plus puissants ».

Ainsi, les parlementaires se disent préoccupés par le constat que l’écosystème numérique est « contrôlé et façonné » par des géants du numérique — surtout américains, mais pas que — « qui écrasent les marchés et nous placent en situation de dépendance technologique, édictent leurs propres normes, poursuivent leurs propres objectifs et servent leurs propres intérêts ».

 

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