Samedi 26 janvier, Bilal Hassani, un youtubeur et chanteur, apprenait qu’il allait représenter la France à l’Eurovision. La soirée aurait pu être parfaite, si sa victoire n’avait pas suscité une vague de LGBTphobie sur les réseaux sociaux. Épaulé par un avocat et plusieurs associations, Bilal Hassani a décidé de porter plainte contre certains de ses cyberharceleurs. Plus 200 plaintes ont été déposées mardi 29 janvier, a annoncé Stop Homophobie dans un communiqué.
Des insultes et menaces à caractère homophobe
Bilal Hassani est la cible depuis plusieurs mois d’insultes à répétition et de menaces de mort. La plupart sont teintées de LGBTphobie : elles concernent le look androgyne de l’artiste et son orientation sexuelle.
La participation de celui qui compte 820 000 abonnés sur YouTube à Destination Eurovision a eu pour effet d’amplifier ce cyberharcèlement. Les insultes sur les réseaux sociaux sont quotidiennes et violentes. On lit par exemple : « gngngn Bilal Hassani nous fait honte en nous représentant ce pd, il mérite de mourir, on va le retrouver cette tafiole », « On dois tué tous les pd du monde fdp et toi le premie », ou encore « C’est un gros PD on va venir le brûler ce fils de pute c’est pas de l’harcèlment juste une question de bon sens ».
Bilal Hassani a reçu le soutien de plusieurs associations : l’association Mousse, Urgence Homophobie, SOS Homophobie et le Réseau des avocats, médecins et notaires gay-friendly. Avec l’aide d’un cabinet d’avocat, ils ont déposé plus de 200 plaintes dans lesquelles les associations se constituent partie civile. Ces plaintes ont pour motif les injures, la provocation à la haine et à la violence, et les menaces homophobes.
Les associations attendent des condamnations « exemplaires »
L’objectif est « d’obtenir des condamnations exemplaires », précise SOS Homophobie. « Le sentiment d’anonymat et d’impunité sur internet est trompeur. Les auteurs de propos répréhensibles peuvent être identifiés », est-il ensuite précisé.
Me Étienne Deshoulières, l’avocat de Bilal Hassani et des associations, rappelle qu’ils risquent jusque 6 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, car ils cumulent plusieurs motifs (menaces de morts, injures à caractère homophobe, etc). « Il est temps que les auteurs de ces propos réalisent la gravité des peines qu’ils encourent », juge-t-il.
D’autres cas de cyberharcèlement jugés en 2018 ont montré que leurs auteurs risquaient gros. Trois internautes qui se pensaient à l’abri de toutes poursuites ont été condamnés pour avoir insulté la journaliste Nadia Daam. Deux ont écopé de 6 mois de prison avec sursis et 2 000 euros d’amende, le 3ème de 6 mois de prison avec sursis, 180 heures de travaux d’intérêt général et 5 000 euros d’amende. Le même jour, un Français était condamné à 3 mois de prison ferme et 15 avec sursis pour avoir harcelé l’ancienne actrice pornographique Nikita Belluci.
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