La France finira-t-elle par légiférer sur ces parents qui mettent leurs enfants en scène sur des sites web, par exemple dans des vidéos de déballage et de test de jouets ? En tout cas, le gouvernement est invité à prendre la parole sur ce phénomène, visible en particulier sur YouTube, puisque c’est sur cette plateforme que les perspectives de monétisation sont les plus séduisantes.
Bertrand Sorre, député de La Manche et membre de La République en marche, a en effet écrit au ministère du travail pour lui faire part de son malaise face à ce qui semble être, au moins dans certains cas, du « travail dissimulé » sous couvert d’une ambiance agréable et intimiste. Il pointe du doigt la volonté de certains adultes d’exploiter leur progéniture pour se faire de l’argent, alors que ce sont des mineurs.
« Bien souvent, ces vidéos qui permettent aux parents de gagner de l’argent sont tournées au détriment de l’enfant », écrit dans sa question adressée à Muriel Pénicaud. « On observe également la multiplication de vidéos où l’on peut voir des enfants faisant la promotion d’un article. Il s’agit indirectement de faire de la publicité pour un produit afin de donner un objectif de profit à ces vidéos ».
« Ces vidéos reviennent à tolérer l’utilisation de personnes humaines mineures à des fins commerciales dans lesquelles les enfants ne se rendent pas compte de leur possible exploitation », continue-t-il, qui plaide en creux pour une intervention du législateur et des pouvoirs publics.
Cette problématique, moins développée qu’aux États-Unis, où des cas de dérapage ont été rapportés, avec des accusations d’actes de maltraitance et de manipulation, a fait l’objet d’une enquête du Monde. Intitulée « Les enfants, petites stars des chaînes familiales polémiques sur YouTube », elle questionne notamment l’impact que cette médiatisation peut avoir sur la psychologie des plus jeunes.
« Il est difficile de considérer cela comme totalement légal, éthique ou moral »
De son côté, l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique, alarmée par le phénomène, a saisi le Conseil national de la protection de l’enfance, un organe consultatif présidé par Agnès Buzyn, la ministre de la santé, et alerter les procureurs de Lyon et de Bobigny. Il estime qu’il s’agit davantage d’un « travail illicite », faute d’un encadrement suffisant de la loi.
Aux États-Unis, la polémique a conduit certaines marques à suspendre, au moins de façon temporaire, leurs publicités sur YouTube, à la suite d’un article article du Times de novembre racontant qu’un père de famille gagnait beaucoup d’argent en abusant de ses enfants, en les faisant crier et pleurer, en leur rasant le front. La chaîne, Toy Freaks, a depuis été fermée par la plateforme.
« Si les situations humoristiques ou dégradantes s’avèrent être préparées en amont et portent atteinte à la dignité de l’enfant, il est difficile de considérer cela comme totalement légal, éthique ou moral », continue l’élu. « De plus, leurs rapports vis-à-vis de leurs parents peuvent les empêcher de se révolter face aux situations humiliantes qu’ils se voient obligés de subir ».
Publiée au Journal officiel le 26 juin, la question est en attente d’une réponse.
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