Shezanne Cassim, un Américain qui était retourné dans son pays d’enfance à Dubaï, est sorti de prison en janvier après 9 mois d’emprisonnement. Son crime ? Avoir publié sur YouTube une vidéo humoristique se moquant de jeunes dubaïotes.

Shezanne Cassim aurait dû avoir une vie d’anonyme. Né au Sri Lanka, le jeune homme est arrivé en 1986 avec ses parents, peu avant ses deux ans, à Dubaï. Il y a vécu heureux jusqu’à ses 16 ans, lorsque ses parents ont décidé d’émigrer vers les Etats-Unis, déçus de n’avoir aux Emirats Arabes Unis aucune chance d’obtenir la naturalisation ou même un statut de résident permanent. Aux USA, Cassim et sa famille ont obtenu la nationalité américaine.

Lorsqu’il a terminé ses études de l’autre côté de l’Atlantique, Shezanne Cassim a décidé en 2006 de revenir dans son pays d’enfance, où il se sent chez lui, à Dubaï.

C’est ce qu’il raconte dans une tribune publiée par le Guardian… à sa sortie de prison. « En janvier 2014, j’ai été libéré d’une prison de sécurité maximale dans le milieu du désert des Emirats Arabes Unis« , commence-t-il. « J’ai été emprisonné neuf mois, le tout sans condamnation sauf pendant deux semaines. La raison ? Les autorités des EAU m’ont accusé d’avoir menacé la sécurité nationale en créant une vidéo de sketch humoristique parodiant des adolescents de Dubaï et en la postant sur YouTube« .

En l’espèce, la vidéo — réalisée sans grande prétention — se moquait de jeunes des années 1990, issus de la communauté du Satwa, un quartier riche de Dubaï doté d’une forte population originaire d’Asie du sud. Selon Cassim, qui assure avoir fait rire beaucoup de dubaïotes avec ce sketch plein de références locales évoquant des souvenirs partagés par un grand nombre d’habitants, ces jeunes voulaient imiter les gangs de Los Angeles mais étaient tellement ridicules qu’ils ne faisaient peur à personne :

https://youtube.com/watch?v=o6PNJCMciRQ%3Frel%3D0

« Il y a une profondeur et une complexité dans la culture internationale de Dubaï qui n’a pas été assez remarquée dans les articles de presse sur la croissance de la ville de cette dernière décennie. En réalisant ma vidéo humoristique fin 2012, je voulait créer quelque chose qui célèbre les particularités culturelles charmantes qui font que la ville est un endroit agréable où vivre, et pour montrer que Dubaï est un endroit plus intéressant que ce que suggèrent les descriptions qui en font une ville fantôme artificielle sans âme. La diversité culturelle de Dubaï mérite d’être explorée et je voulais montrer que les Dubaïotes ont la créativité et le sens de l’humour pour créer un divertissement local qui touche à leurs vies, qui soit une alternative à la normale actuelle des films et télévisions importées« , raconte Shezanne Cassim.

La vidéo est restée sur YouTube sans faire d’histoires pendant plusieurs mois. Elle ne contrevenait à aucune des lois traditionnelles de Dubaï, notamment contre les critiques politiques ou religieuses. Mais en janvier 2014, l’homme a été arrêté et mis en détention, sur les fondements d’une nouvelle « loi contre la cybercriminalité ». Il fut accusé d’avoir mis en danger la sécurité nationale en présentant une vision fictive de la capitale des Emirats.

Une accusation qu’il a toujours beaucoup de mal à comprendre alors que les Emirats accueille sur son territoire des tournages de films hollywoodiens qui font passer Dubaï pour une capitale du terrorisme et de la corruption au moyen-orient, comme Mission Impossible 4, ou Syriana.

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