Déjà présent dans plusieurs pays, Google Flights est désormais disponible en France. Le service, qui permet de comparer les vols proposés par les différentes compagnies aériennes, promet de soulever encore la problématique de la position dominante du moteur de recherche et de son effet sur la concurrence.

Il faut souhaiter bonne chance aux comparateurs de vols concurrents, qui devront subir le rouleau-compresseur de Google. La firme de Mountain View a lancé mardi en France, en toute discrétion, son comparateur de vols Google Flights Search, qui permet de rechercher les billets d'avion aux meilleurs prix pour différentes destinations, en affinant les recherches par compagnie, nombre d'escales, durée du vol, etc.

Comme à l'habitude de Google, l'interface est très dépouillée, d'une efficacité sans égale pour les utilisateurs… et le service est a priori gratuit pour les compagnies aériennes concernées. Google ne joue pas les agents de voyage, mais permet simplement de comparer les vols en renvoyant in fine l'internaute vers le site de la compagnie aérienne pour qu'il puisse y réserver son vol.

Mais s'il suit la même stratégie qu'avec les comparateurs de prix, le piège finira par se refermer. On se souvient en effet que Google avait d'abord sanctionné les comparateurs de prix dans son moteur de recherche, au prétexte réel ou supposé d'améliorer la qualité de ses résultats, puis avait lancé quelques mois plus tard, gratuitement, son propre comparateur Google Shopping pour permettre aux e-commerçants d'y être référencés. Une fois la concurrence largement évincée et les commerçants devenus captifs de Google Shopping, la firme de Mountain View a lancé la formule payante de son comparateur de prix pour faire payer les commerçants qui souhaitaient bénéficier d'une mise en avant sur Google. Une méthode qui lui vaut actuellement une procédure en abus de position dominante devant la Commission Européenne, qui tarde toutefois à aboutir à des solutions ou à des sanctions.

Le patron de la SNCF Guillaume Pepy avait lui-même critiqué le "conflit d'intérêts de Google" en septembre 2012, en voyant se déployer partout dans le monde les services liés au voyage de Google :

Le moteur de recherche préféré des Européens tient autour de 97 % de part de marché en France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie. Mais dans le voyage, c'est aussi un comparateur des offres de transport et d'hébergement, un éditeur de contenus avec Zagat (guide de restaurants) et Frommer's (guide de voyages), et un éditeur de services avec Google Flights (comparaison des offres aériennes), se retrouvant ainsi dans la position d'orienter l'internaute sur toute la chaîne de valeur, de la recherche à la réservation.  (…)

Comment se gère le conflit d'intérêts entre la position de moteur de recherche, neutre et encyclopédique, et des activités commerciales, choisies et intéressées ? Google revendique l'exhaustivité et la pertinence des résultats de ses recherches. Mais ces résultats pourraient être biaisés à son seul bénéfice. Et l'utilisateur ne sait rien de la manière dont ses données privées sont utilisées pour lui présenter des résultats adaptés à son profil… et au profit des annonceurs

Le patron de la SNCF proposait alors de couper Google en entités distinctes, ce qui est une solution de plus en plus évoquée, même si elle est encore très loin des intentions de la Commission Européenne.


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