Du haut de ses 19 ans, Hugo Travers s’est lancé dans le YouTube Game. Avec plus de 116 000 abonnés, sa chaîne HugoDécrypte se présente comme un condensé d’analyses de la politique, du numérique et de la sphère médiatique. Des médias qui, justement, cherchent de plus en plus à attirer les YouTubeurs influents dans leur giron, en passant avec eux des partenariats afin de diffuser leurs vidéos.
LCI, la chaîne d’informations en continu du groupe TF1, vient ainsi de recruter Hugo Travers pour une émission dominicale, une sorte de chronique matinale lors de laquelle il interrogera les candidats à la présidentielle.
https://twitter.com/HugoTravers/status/834811139095674881
Selon un communiqué de la chaîne, repris par Ouest-France, le YouTubeur « analysera et expliquera l’événement politique de la semaine, avec le regard de sa génération et son ton résolument moderne et didactique. » Une recette qui a contribué à populariser sa chaîne, sur laquelle l’étudiant à Sciences Po publie régulièrement depuis quatre mois des entretiens de vingt à trente minutes avec les candidats aux différentes primaires et à la présidentielle de 2017.
Des « interviews augmentées »
Bruno Le Maire, Benoît Hamon, Jean-François Copé ou encore Jean-Frédéric Poisson se sont déjà prêtés à cet exercice que Hugo Travers appelle des « interviews augmentées ».
Son aisance face caméra et le mélange bien orchestré de ses vidéos, entre ambiance décontractée et sujets sérieux, ont fait mouche du côté du groupe TF1. Le YouTubeur s’est vu proposer un contrat de diffusion de ses vidéos, agrémenté d’interventions ponctuelles en plateau.
Contacté par Numerama, Hugo Travers tient à préciser que, pour lui, ce partenariat avec LCI ne signifie pas l’abandon de sa chaîne, ni l’absorption de ses vidéos YouTube par la télévision.
Pas un passage à la télévision à proprement parler
« Ce n’est pas un passage à la télévision à proprement parler. Oui, je travaille avec une chaîne, mais concrètement LCI diffusera une vidéo de décryptage par semaine, ainsi que mes interviews de candidats à l’élection présidentielle. Du coup, le contenu restera le même, et justement, c’est ce que j’ai apprécié dans leur démarche, contrairement à d’autres chaînes avec qui j’ai pu être en contact. Ils ne veulent pas changer mon contenu, mais le porter à leur audience, pour viser un public plus jeune, probablement », nous explique-t-il.
À l’ombre de certains YouTubeurs, des médias
Car, ce n’est plus un secret, des médias se cachent derrière de nombreux YouTubeurs. Les 67 000 abonnés de Natoo, les 2 millions et quelques de Golden Moustache, ou ceux de la désormais incontournable EnjoyPhoenix (car même si vous n’avez pas vu une seule de ses vidéos, vous connaissez forcément son nom) sont une audience précieuse à séduire pour des médias audiovisuels en perte de vitesse. D’où le récent ressort des MCN, les Multi-Channel Networks ou réseaux multi-chaînes. Jouant un rôle de vitrine, et générant des revenus conséquents, ces réseaux entament la mutation d’un modèle télévisuel obligé de composer avec Internet.
Les chaînes YouTube ne sont pas les seules à attirer l’attention des médias télévisuels. Fin 2016, TF1 (encore) rachetait ainsi la startup MinuteBuzz, ancien site d’information destiné aux jeunes, et transformé deux mois avant ce rachat en plateforme vidéo 100 % délocalisée sur les réseaux sociaux. Le groupe télévisuel y voyait certainement une manière de faire grimper sa côte de popularité en ligne, espérant sans doute conquérir la cible des milenials, dont les yeux sont aujourd’hui en grande majorité rivés sur la toile.
L’arrivée d’HugoDécrypte sur LCI ravive les questionnements autour du web et de la télévision, et leur relation mi-complémentaire, mi-rivale. Au-delà de ce débat, le YouTubeur indique en tout cas qu’il ne considère pas ce nouveau partenariat comme un aboutissement.
La priorité reste et restera ma chaîne YouTube
« Pour moi, c’est forcément une expérience enrichissante de travailler avec une rédaction, de voir mon contenu diffusé à une nouvelle audience, mais la priorité reste et restera ma chaîne. J’ai refusé des émissions de radio et TV parce qu’elles auraient nécessité que je passe moins de temps sur ma chaîne », nous explique-t-il.
La TV peut-elle encore se démarquer du web ?
Pour autant, le jeune homme ne prédit pas la mort de la télévision linéaire (comprendre, par opposition à la télévision non linéaire, celle qui ne permet pas d’accéder aux contenus par la voie du numérique ou via la consommation à la demande) : « La tendance est au passage au non-linéaire et il n’y a rien d’étonnant, c’est une question de génération et d’usages. Mais la télévision linéaire ne disparaîtra pas totalement : les grands événements, politiques ou sportifs, le montrent bien. »
Tout ne serait donc pas perdu pour la télévision, qui aurait encore quelques cartes à abattre, comme la retransmission d’événements que l’Internet ne lui a pas encore ravi. Mais pour combien de temps encore ? D’ici-là, web et médias audiovisuels auront sans doute eu d’autres occasions de se croiser, se chevaucher, et de se concurrencer.
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