Ou comment organiser une opération de lobbying en ayant l’air de parler au nom de tous les Français. 12 organisations de l’industrie musicale française ont lancé mercredi un site participatif qui vise à préparer les propositions que la filière soumettra aux candidats en 2017.

Puisque les primaires ont pour effet d’avancer et allonger le calendrier des campagnes électorales, les lobbys se mettent aussi à la page. Et l’un des premiers à le faire publiquement est l’industrie musicale, qui a annoncé ce mercredi le lancement du site internet MaVoixPourLaMusique.fr, sous l’égide de l’association Tous pour la musique présidée par Bruno Lion.

Le site est créé par 12 organisations de la filière musicale française, dont la Sacem qui représente principalement les auteurs-compositeurs, le Syndicat national des éditeurs phonographiques (SNEP) qui représente les grandes maisons de disques, ou encore l’Adami qui représente les artites-interprètes. Selon un communiqué de presse, le collectif ambitionne de « replacer la musique et les enjeux de la filière au cœur de la campagne présidentielle », entre le chômage, la sécurité ou les retraites.

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Il le fera à travers ce site qui recevra et relaiera des propositions autour de six thèmes, dont l’un évidemment lié au numérique :

  • La chanson française à l’international
  • L’apprentissage de la musique, à tout âge
  • La présence des spectacles près de chez vous
  • Les nouvelles technologies et la musique
  • Un secteur compétitif et créateur d’emplois
  • La musique, acteur du vivre-ensemble
Le programme politique de la filière musicale sera co-construit avec l’ensemble des Français

Mais pour une fois, les organisations semblent prêtes à éviter la caricature des méchants pirates contre les gentils artistes. « Vous vous dites peut-être que la musique a un problème avec le numérique ! Faux, ça n’est plus le cas ! La musique a été un des premiers terrains d’expérimentation de la révolution numérique, parfois à ses dépens en effet, mais est un des secteurs qui a su au final le mieux se réinventer », peut-on lire sur le site internet. « Dans la nouvelle économie qui se dessine, l’innovation est la clé pour exister face aux nouveaux acteurs et aux nouvelles pratiques : les transformations en cours doivent permettre une offre de musique toujours plus qualitative, diversifiée et dynamique ».

Aucune proposition n’est publiée d’avance, les internautes ayant la possibilité d’y apporter leurs contributions.  « Le programme politique de la filière musicale sera co-construit avec l’ensemble des Français », promet-on du côté de l’industrie musicale. «  Il sera également proposé une thématique libre pour les internautes dont les propositions ne se retrouveraient pas nécessairement dans les catégories proposées ».

Légitimer par la consultation des propositions de l’industrie musicale

Les consultations seront ouvertes jusqu’à fin janvier, avec aussi trois réunions physiques en région. Une synthèse sera alors établie, avec des « propositions concrètes » soumises aux candidats à l’élection présidentielle, qui seront invités à réagir et, bien-sûr, à prendre des engagements. On se souvient que par exemple en 2012, François Hollande avait promis d’abroger la loi Hadopi.

Comme toujours avec ce type de consultations, le diable se cache dans le processus de réalisation de la « synthèse » et des « propositions concrètes ». Au final, même si les internautes sont appelés à dire leur mot, c’est celui qui rédigera les propositions retenues qui aura le véritable pouvoir d’influence.

Mais ce pouvoir sera alors légitimé par le sentiment réel ou feint que les propositions sont issues, non pas d’un lobby privé, mais des Français dans leur intégralité. « 99 % des Français écoutent de la musique, (…) 99 % des Français ont donc quelque chose à dire sur la musique », déclare déjà Bruno Lion.

L’association Tous pour la musique est domiciliée au 14, boulevard Général Leclerc, qui est aussi l’adresse de la Société Civile des Producteurs Phonographiques (SCPP), la structure qui perçoit et répartit les droits des grandes maisons de disques en France.

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