Alors que son ministre de l’économie et des finances Michel Sapin y est clairement opposé, Manuel Valls demande à ce que la campagne pour 2017 soit l’occasion d’ouvrir un débat sur le revenu universel.

Si l’on veut contrôler le résultat d’un débat, le mieux est encore de l’organiser. Mercredi, le Premier ministre Manuel Valls a publié une tribune sur sa page Facebook, pour donner un coup de barre à gauche médiatique au moment d’entrer dans la longue ligne droite des élections présidentielle et législative de 2017. « Notre modèle social sait évoluer et s’adapter sans perdre ses fondements. À présent, il faut ouvrir de nouvelles pistes », écrit-il.

Or la première des pistes qu’il propose d’ouvrir est « le revenu universel », aussi appelé « revenu de base » ou « revenu de base universel », selon les formules. Pour Manuel Valls, c’est « une allocation unique, ouverte à tous, à partir de 18 ans, pour remplacer la dizaine de minima sociaux existant ». La solution est vue par certains comme un modèle d’avenir pour accompagner la chute du besoin en travail et en intelligence humaine provoquée par l’évolution exponentielle de l’intelligence artificielle et de la robotisation.

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« Le Gouvernement engagera un dialogue avec tous les acteurs pour construire une réponse souple, plus simple et donc plus efficace, qui prenne en compte les situations individuelles. Je crois que ce débat doit être ouvert. Pour aller plus loin ! Pour renforcer notre modèle social ! », écrit le chef du gouvernement.

Ce n’est pas la première fois que M. Valls propose ainsi de débattre du revenu universel, qu’il a néanmoins toujours écarté lorsqu’il est arrivé sur la table des débats parlementaires. Déjà en avril dernier, le Premier ministre avait déclaré sur France Info qu’il fallait « ouvrir un grand débat sur le revenu universel », tout en prévenant qu’il faudrait y aller « progressivement ».

Pas la version libérale du revenu universel qui se substituerait à la protection sociale

Reste à savoir ce que Manuel Valls met derrière les mots « revenus universels », dont la Finlande s’apprête à tester une version ultra libérale et redoutable, que craignait Christophe Sirugue dans son rapport sur la réforme des minimas sociaux — en résumé, il s’agit là bas de remplacer toutes les aides cumulatives dont bénéficient les chômeurs par un seul chèque, souvent moins élevé. Interrogé par Libération, Matignon assure que M. Valls « n’est pas dans la version libérale du revenu universel qui se substituerait à la protection sociale ».

Il faudra alors que Manuel Valls commence par convaincre son ministre de l’économie et des finances, Michel Sapin, à qui il reviendrait naturellement d’organiser un tel débat. En mars, M. Sapin s’était nettement opposé à l’idée d’un revenu de base universel, par définition sans conditions de ressources ni contreparties. « Il faut toujours bien équilibrer les choses, entre la solidarité qui est nécessaire de la part de la société, vis à vis de gens qui sont en difficulté et qui traversent un moment difficile dans leur vie, et l’incitation à l’activité », avait prévenu le locataire de Bercy. « S’il n’y a pas cette contrepartie, on risque d’être dans une société de l’assistance, et ça ça ne passerait pas auprès d’une majorité des Français ».

« Au mot ”assistanat” qui est un mot blessant pour ceux qui sont en difficulté, qui ont connu des accidents dans la vie, j’oppose le mot de ”solidarité”, d’ ”égalité”, et de ”fraternit锂 avait répondu Manuel Valls le mois suivant. C’est cette société dont nous avons besoin et ce sera, je n’en doute pas, un des grands débats de l’année 2017 »,

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