Voilà 17 pages que David Cameron serait bien inspiré de lire. Alors que le premier ministre britannique menace d’imiter les dictatures et de couper l’accès aux réseaux sociaux en cas de nouvelles émeutes violentes, une étude conclut que la censure provoquerait au contraire une montée du niveau de violence.

Antonio Casilli, chercheur à Telecom ParisTech et à l’EHESS de Paris, et Paola Tubaro, de l’Université de Greenwich et membre du CNRS, ont publié une étude rapide sur les effets de la censure du net et des moyens de communication électronique sur les émeutes, dans le cadre des violences en Grande-Bretagne. Ils concluent que plus les gouvernements cherchent à censurer les émeutiers pour les empêcher de communiquer entre eux, plus les émeutes sont durablement violentes. Au contraire, plus la liberté de communication est grande, plus les périodes de calme sont durables.

Leur étude se base sur une modélisation du comportement des foules lors de soulèvements civils réalisée par J.M. Epstein en 2002. Selon cette modélisation, la décision d’un individu mécontent de manifester activement est déterminée par son voisinage social ; s’il voit la police autour de lui, il n’agira que si un nombre suffisant de manifestants contrebalancent cette présence policière. L’un des facteurs pris en compte dans cette modélisation est la « vision » dont le manifestant potentiel bénéficie sur ce voisinage. Voit-il la police et les autres manifestants ?

Pour simuler la coupure des réseaux sociaux et des moyens de communication, les chercheurs ont donc utilisé ce modèle en imaginant que la censure amenait à une vision nulle du voisinage. Il n’est plus possible de savoir où retrouver un groupe de manifestants, ou les endroits où la police est absente. Pourtant, de manière contre-intuitive, leur simulation conclut que plus il y a de censure, donc moins il y a de vision chez les manifestants, plus le niveau de violence moyen reste élevé. Inversement, le fait de ne pas censurer du tout conduit au niveau moyen de violence le plus bas, obtenu par de plus grands pics de violence ponctuels mais des périodes d’apaisement beaucoup plus nombreuses.

Même s’il ne s’agit là que d’une modélisation informatique, cette hypothèse a pu se vérifier en Tunisie, où la censure d’internet paraît avoir précipité la chute de Ben Ali, puis en Egypte où le fait de couper totalement internet a intensifié la révolte contre Hosni Moubarak.

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