Lorsque la loi a un impact sur l’utilisation des réseaux, elle a aussi nécessairement un impact sur leur facturation. Avec la loi Hadopi, qui tend à substituer le P2P par des services centralisés, les FAI ressentent une augmentation de leurs coûts en bande passante, particulièrement dans les zones non dégroupées. Ce qui aurait justifié selon Free, à terme, l’augmentation des tarifs de ses abonnements qui s’est produite à l’occasion de l’augmentation de la TVA.

Ils vont finir par regretter le P2P. Longtemps, nous avons entendu les fournisseurs d’accès à Internet se plaindre du poids pris en bande passante par les services de partage de fichiers en peer-to-peer, au détriment des autres utilisateurs d’Internet. Cette consommation élevée par un petit nombre de clients servait de prétexte pour mettre en place des mesures de bridage, rapidement contournées.

Depuis la loi Hadopi qui ne peut se concentrer que sur le P2P, car il s’agit de la seule architecture où les adresses IP des utilisateurs et les fichiers qu’ils partagent sont visibles, la part prise par les réseaux peer-to-peer dans les tuyaux des FAI a baissé. Au contraire, la part prise par les services de direct download comme MegaUpload a explosé. Avec un trafic essentiellement descendant (du téléchargement) qui coûte beaucoup plus cher aux FAI que les échanges de fichiers décentralisés qui étaient davantage symétriques (téléchargement et upload), et donnaient donc lieu à des accords d’échanges de trafic entre opérateurs, dans un jeu à somme nulle. Cette augmentation des coûts est encore plus sensible pour acheminer les données vers les abonnés situés en zone non dégroupée, où le FAI n’est pas propriétaire du réseau qu’il exploite.

Aussi, « du fait de l’explosion de la consommation (merci Hadopi) en non dégroupé, le mouvement tarifaire était inéluctable« , explique ce matin Alexandre Archambault, le directeur des affaires réglementaires de Free. Avec l’augmentation de la TVA, les forfaits de Free pour les non dégroupés passe de 29,99 euros à 35,98 euros par mois, soit une hausse tarifaire de 5,99 euros. L’opérateur avait justifié cette augmentation disproportionnée par l’ajout des communications illimitées sur les mobiles, mais il semble que l’impact de l’Hadopi sur la bande passante descendante a aussi joué son rôle.

En plein débat sur la neutralité des réseaux, M. Archambault prévient aussi que « ce qui se passe en non dégroupé donne un aperçu du mouvement d’ensemble si rien n’est fait pour assainir l’interconnexion IP« . Si la situation ne s’améliore pas, il faudra soit s’attendre à de nouvelles hausses de tarifs, soit à un bridage des sites les plus consommateurs.

Au mois de septembre, nous avions rapporté que beaucoup de freenautes se plaignaient d’un bridage des sites de streaming et de téléchargement direct comme MegaUpload. Une mesure sur laquelle le FAI ne s’est jamais expliqué. Est-il toujours d’actualité ?

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