La « pause numérique complète » pour les élèves du collège se précise petit à petit. Ce projet, déjà évoqué ce printemps, a été mentionné de nouveau par la ministre de l’Éducation nationale à l’occasion de son passage sur l’antenne de Sud Radio, ce vendredi 31 mai, avec le même objectif : la mise à l’écart des smartphones.
Dans ce cadre, une expérimentation est toujours prévue à la rentrée 2024 / 2025. Nicole Belloubet souhaite mobiliser au moins un établissement par département dans cette voie — ce qui ferait une centaine de collèges minimum. Selon les chiffres du ministère, on dénombrait 6 950 collèges sur le territoire en 2021.
À plus long terme, l’intéressée est très favorable à la généralisation de ce plan. « Les portables au collège, c’est vraiment un drame », a déploré au passage la ministre, face à Jean-Jacques Bourdin. « On voit bien ce que cela peut générer comme utilisation des réseaux sociaux, […] et comme conséquences parfois dramatiques. »
Les smartphones sont régulièrement accusés d’avoir des effets négatifs sur les jeunes. Ils les distraient pendant les cours et servent de support pour du cyberharcèlement, avec des brimades filmées et publiées en ligne. Par ailleurs, on reproche aussi plus largement aux écrans de véhiculer une vision distordue du monde, via les réseaux sociaux.
La ministre de l’Éducation nationale admet que la loi a déjà tout ce qu’il faut pour l’interdiction des téléphones en classe. Le problème, c’est de passer de la théorie à la pratique. « Cela suppose que nous soyons en capacité de trouver un lieu où les élèves peuvent déposer leur portable à l’entrée du collège », a pointé Nicole Belloubet.
Une problématique manifestement difficile à traiter, compte tenu de la taille modeste de l’expérimentation. Avec un seul collège par département qui se lance en septembre 2024, le test concernera moins de 1,5 % de la totalité des établissements. Les délais sont serrés : les cours doivent cesser le samedi 6 juillet 2024 et reprendre début septembre.
Derrière le plan, il y a la question de la logistique : il faudra pouvoir collecter et trier efficacement les téléphones des élèves, chaque jour, et leur rendre, à chaque fin de journée. Cela peut représenter des centaines de terminaux (73 % des élèves sont inscrits dans des collèges de 300 à 600 places). Enfin, il y a aussi l’enjeu de la sécurisation du lieu de stockage.
Une situation à nuancer dans les collèges
Le discours catastrophique de la ministre de l’Éducation nationale au sujet des smartphones au collège est toutefois nuancé par le rapport de la commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans. Remis au président de la République fin avril, il dresse un tableau moins sombre des comportements.
« Les personnes auditionnées (syndicats enseignants, fédérations de parents d’élèves, syndicat des chefs d’établissement) portent une évaluation globalement favorable sur la mise en œuvre de ce cadre légal, et ne soulignent pas de points particulièrement critiques dans la relation avec les élèves pour faire appliquer cette obligation », lit-on notamment.
Le rapport confirme plus loin, sur la base des travaux de la commission et des auditions du personnel scolaire, que « dans l’ensemble, l’interdiction du téléphone portable au collège est respectée et ne présente pas de difficultés majeures. » Il est toutefois admis des difficultés « localisées ou ponctuelles » pour appliquer la règle.
Selon la commission, c’est en marge de la classe que « l’utilisation des téléphones s’organise largement » — notamment dans les toilettes, dans la cour de récréation ou aux abords des établissements. Et lorsqu’on sonde les raisons pour lesquelles les collégiens regardent le téléphone en classe, c’est pour regarder l’heure ou répondre aux parents.
C’est pour cela, d’ailleurs, que la commission a notamment défendu comme idée de « remettre des horloges dans toutes les salles de classe pour renseigner les enfants sur l’heure. » Une manière ainsi de contrer l’argument des élèves. Et pour la ministre de l’Éducation nationale, autre chantier à conduire en parallèle.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.