Les experts de l’OSINT, l’enquête à partir de sources ouvertes, ont retracé l’explosion de l’hôpital Ahli Arab à Gaza. Les nombreuses informations recueillies contredisent des déclarations vues par des millions de personnes sur les réseaux sociaux.

Une frappe de missile, à propos de laquelle Israël et le Hamas se rejettent la responsabilité, aurait fait des centaines de morts dans l’hôpital Ahli Arab au centre de Gaza mardi 17 octobre. Les réseaux sociaux et notamment X (anciennement Twitter) se sont emparés de cette explosion dans la nuit, au point de créer un nuage de désinformation si dense qu’il en devient difficile de comprendre réellement la situation sur place.

Le Hamas, au pouvoir dans l’enclave de Gaza, fait état de 500 morts et accuse Israël d’avoir lancé la roquette. Ces déclarations ont été massivement relayées et ne peuvent être vérifiées. Un porte-parole du Tsahal, l’armée israélienne, contredit cette version et déclare que ce serait un tir raté du Hamas qui frappé l’établissement de santé.

La chronologie d’un fouillis en ligne

Un compte prétendant être celui d’une journaliste d’Al Jeezera a déclaré avoir vu un missile du Hamas heurter l’hôpital. Cette affirmation a été vue plus de 330 000 sur X. Pourtant, le compte en question serait celui d’un Indien qui a depuis supprimé son profil.

Farida Khan n'est pas journaliste à Al Jeezera. // Source : X
Farida Khan n’est pas journaliste à Al Jeezera. // Source : X

Une vidéo diffusée, cette fois par le vrai compte du média qatari Al Jazeera, accuse Israël d’avoir mené un tir sur le centre de Gaza. Le Tsahal diffuse également cette même vidéo, mais affirme qu’il s’agit d’une roquette lancée depuis Gaza.

Sur X, les experts de l’OSINT – enquêtes à partir de sources ouvertes – confirment l’hypothèse d’un tir raté du Hamas. Le missile est envoyé depuis Gaza et explose en plein air. La chute de débris provoque un incendie dans la foulée. En s’appuyant sur la localisation des bâtiments aux alentours, plusieurs comptes d’OSINT indiquent que les fragments de la roquette ont mis feu à l’hôpital.

Les caméras de surveillance de Netiv Haasara, un village dans le sud d’Israël, témoignent aussi d’une vague de missiles tirée depuis le nord de Gaza avec une explosion dans la foulée sur le territoire palestinien.

Un incendie dans la zone de l’hôpital et des dégâts limités

Des images des prétendus dégâts ont fait le tour des réseaux. Une vidéo partagée par Quds News Network, une agence de presse palestinienne, affirme qu’un « type de bombe » particulier a été utilisé contre l’hôpital. La publication a été vue plus de 300 000 fois. Ce média est considéré comme affilié au Hamas et il est impossible de confirmer cette info.

Quds News est une agence de presse considérée comme affiliée au Hamas. // Source : X
Quds News est une agence de presse considérée comme affiliée au Hamas. // Source : X

Les photographes de presse ont partagé les premiers clichés des dégâts ce 18 octobre. Une photo fait état d’un parking et plusieurs bâtiments touchés par un incendie.

Les vidéos tournées depuis les infrastructures brulées attestent également de dégâts limités à quelques bâtiments, et un parking.

À partir de toutes ces images, il est pour l’instant difficile d’avancer un bilan. « Les 500 morts », un nombre partagé par de nombreux politiques, y compris en France, ne peut être confirmé. Au lendemain matin, on parlait de 200 morts dans les médias français. Peu de journalistes sur places peuvent confirmer.

La désinformation autour de cette explosion atteint des sommets, avec des centaines de milliers de réactions autour des affirmations d’Al Jeezera (le nom du média trustait une des premières places des Tendances sur X) ou du bilan donné par le Hamas. L’enquête permettra de recueillir plus d’informations sur cet accident, y compris sur le nombre réel de victimes.

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