Une publicité diffusée avant certaines vidéos YouTube intrigue les internautes : il s’agit d’une vidéo diffusée par le ministère des Affaires étrangères israélien à propos de la récente attaque du Hamas contre le pays. Une telle vidéo est-elle autorisée sur la plateforme ?

« Le Hamas a déclaré la guerre à Israël.» Depuis le 8 octobre 2023, sur YouTube, certains internautes français ont pu voir une publicité singulière avant leur vidéo. Diffusée par le compte officiel du ministère des Affaires étrangères israélien, la vidéo explique pendant une trentaine de secondes que « des terroristes armés du Hamas ont infiltré le territoire d’Israël », avant « d’abattre des Israéliens innocents ». Les images et les mots font référence à l’attaque en Israël perpétrée par le Hamas, le 7 octobre 2023, et du début de la guerre. Des vidéos de ces atrocités ont fait le tour du monde : on dénombre au moins 700 morts et plus de 2 000 blessés du côté d’Israël.

Sous un message sur X du journaliste Vincent Manilève, le premier à avoir repéré la vidéo, de nombreux utilisateurs expliquent avoir été étonnés de voir la publicité mise en avant juste avant des vidéos de Squeezie ou d’autres influenceurs français. Une telle publicité, dont le contenu est éminemment politique, est-elle autorisée sur YouTube ?

Le message sur X du journaliste Vincent Manilève // Source : X / Capture d'écran Numerama
Le message sur X du journaliste Vincent Manilève // Source : X / Capture d’écran Numerama

Que dit la vidéo ?

La vidéo publiée par le ministère des Affaires étrangères israélien, longue de 30 secondes, parle de la récente attaque meurtière du Hamas sur le pays. Le texte de la vidéo, qui défile sur un fond noir, décrit des scènes très violentes.

« Des terroristes armés du Hamas se sont infiltrés en Israël à la faveur d’une invasion terrestre et ont commencé à faire du porte-à-porte en massacrant des Israéliens innocents. Des centaines de civils israéliens, dont des enfants et des femmes, ont été tués ou blessés, et des Israéliens ont été pris en otage. Il s’agit d’une guerre et Israël prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger ses citoyens contre ces terroristes barbares. » Le texte est lu par un homme, la voix grave, sur une musique angoissante, avec des coups de feu en fond sonore et des cris d’enfants.

La vidéo peut être visionnée dans sa version classique sur YouTube, en se rendant sur le compte du ministère des Affaires étrangères israélien. Mais elle est aussi diffusée automatiquement en tant que publicité avant d’autres contenus YouTube, qui n’ont rien à voir avec le conflit en cours. Les youtubeurs ne choisissent pas spécifiquement quelles publicités sont diffusées avant leur vidéo, même si, comme le rappelle Vincent Manilève, ils peuvent bloquer des catégories spécifiques ou des publicités en particulier.

Étant donné la situation en Israël et à Gaza, une telle vidéo est évidemment sensible et elle a d’ailleurs choqué une partie des internautes qui l’ont visionné. Comme l’a remarqué Vincent Manilève, l’influenceuse Chloé Gervais, 244 000 abonnés sur Instagram, a ainsi déclaré dans son canal de diffusion qu’elle s’était « tapé une pub youtube (sic) de propagande pro Israel (sic) ».

Ce genre de publicité est-il autorisé sur YouTube ?

La vidéo semble être très largement diffusée : de nombreux internautes expliquent l’avoir vue plusieurs fois dans une même journée, et sous des vidéos très différentes. La publicité serait passée avant des vidéos de Squeezie, de Joyca, d’Amixen, de Villebrequin, de Maghla, ou encore avant l’émission Backseat.

YouTube autorise-t-il vraiment ce genre de vidéos à être diffusé en tant que « publicité » ? La réponse n’est pas évidente. Le règlement YouTube concernant les campagnes publicitaires ne prévoit pas clairement un tel scénario, mais il interdit spécifiquement certains contenus.

La plateforme indique ainsi que les « annonces susceptibles de tirer profit d’un événement sensible ayant un impact social, culturel ou politique important, comme les crises civiles, les catastrophes naturelles, les urgences de santé publique, les actes terroristes et associés, les conflits ou les actes de violence de masse » ne sont pas autorisées.

Sur la page « Exigences concernant les annonces YouTube », il est également précisé que le « contenu violent et délictuel qui fait référence à de la violence explicite, des armes et des activités illégales » est interdit, tout comme les « assets qui incluent du contenu mentalement éprouvant, perturbant, répugnant ou dégoûtant, ou du contenu effrayant portant sur des blessures, la mort ou des corps en décomposition ».

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Il existe cependant une exception à cette règle. « Si une annonce inclut des contenus de médias professionnels (films, séries TV, chaînes d’informations ou jeux vidéo, par exemple), les consignes ci-dessus seront évaluées selon des critères différents. Toute annonce incluant des contenus de médias professionnels doit indiquer clairement ses sources pour que l’utilisateur comprenne ce qu’il visionne

La vidéo ne comprend aucune image des violences mentionnées, mais, étant donné qu’elle provient d’une entité officielle, YouTube pourrait choisir de l’évaluer selon « des critères différents ». Néanmoins, étant donné que la vidéo mentionne des actes très violents, tels que les meurtres de civils, la publicité pourrait logiquement être supprimée.

Contacté par Numerama, YouTube n’avait pas encore pu répondre à nos questions au moment de la publication de cet article. Nous le mettrons à jour une fois que nous aurons reçu un retour.

Mise à jour du 9 octobre à 17h55 : YouTube ne nous a toujours pas répondu, mais un lecteur, qui avait signalé la publicité, nous a fait parvenir la réponse qu’il a reçue de la part de l’équipe « Trust & Safety » de Google, en charge des signalements.

« Nous avons décidé de prendre des mesures à l’encontre de cette annonce, qui peuvent mettre jusqu’à 24 heures à prendre effet. Nous avons déterminé que l’annonce ne respectait pas les règles de Google, qui interdisent certains contenus et pratiques que nous estimons nuire aux utilisateurs et à l’écosystème Web dans son ensemble. »

« Si nous déterminons qu’une annonce ne respecte pas nos règles ou la loi, nous la supprimons », précise par ailleurs Google. « Les non-respects manifestes ou répétés peuvent conduire à la suspension du compte de l’annonceur concerné, ce qui signifie que celui-ci ne pourra plus diffuser d’annonces via Google ». Pour l’instant, la vidéo est toujours disponible sur le compte YouTube du ministère des Affaires étrangères israélien, mais les publicités devraient donc moins apparaitre, selon la plateforme.

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