L’information avait d’abord été donnée par la BBC, et elle a été confirmée en milieu de journée par le ministère des affaires étrangères de Suède. Les experts du Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire (WGAD) ont décidé de donner raison à Julian Assange, qui estimait que la Grande-Bretagne et la Suède le contraignaient à rester abusivement enfermé au sein de l’ambassade de l’Équateur, à Londres. Cela fera bientôt quatre ans qu’il y est cloîtré.
Le fondateur de Wikileaks avait trouvé refuge en juillet 2012 dans les murs de l’ambassade de l’Équateur, qui a accepté de lui accorder l’asile politique pour éviter son extradition aux États-Unis, où il risque des poursuites et une lourde condamnation pour avoir divulgué des documents confidentiels de l’armée.
La Suède cherche depuis plus de trois ans à l’interroger dans des affaires très étranges d’agressions sexuelles, dont une partie est prescrite. Elle a émis pour ce faire un mandat d’arrêt que la Grande-Bretagne a promis d’exécuter s’il mettait un pied en dehors de l’ambassade, qui est un territoire protégé. Pour Assange, il s’agirait d’une manœuvre destinée à obtenir en deux temps son extradition vers les USA. Tant que cette affaire n’est pas résolue, Julian Assange ne peut pas sortir pour prendre d’avion vers l’Équateur, où il serait alors libre de ses mouvements.
Or les tentatives de faire annuler le mandat d’arrêt ont été vaines, et les conditions de l’interrogatoire de Julian Assange (qui n’a jamais été formellement poursuivi) restent l’objet d’âpres négociations entre ambassadeurs. Depuis de nombreux mois, le journaliste se bat donc pour faire reconnaître que sa situation est équivalente à celle d’un prisonnier politique, et qu’elle est sciemment entretenue par la Suède et la Grande-Bretagne.
Une pression politique mise par Julian Assange
Selon le Guardian, l’avis du WGAD confirme que l’attitude des diplomaties suédoise et britanniques est assimilable à une détention arbitraire, sanctionnée par les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme. Sa conclusion aurait été communiquée aux gouvernements britannique et suédois dès le 22 janvier dernier, mais ne devrait être officiellement publiée que vendredi matin. Il paraît évident que le fondateur de Wikileaks en connaissait déjà la substance lorsqu’il a affirmé qu’il se rendrait si l’ONU lui donnait tort.
Car l’avis du WGAD n’a aucune force juridique contraignante, et c’est donc un jeu de communication et de pression politique que tente d’exercer Julian Assange, avec ses avocats. En demandant que la Grande-Bretagne prenne acte de la décision et lui rende son passeport et sa liberté, le fondateur de Wikileaks fait comme si l’avis du Groupe de travail était celui d’un tribunal suprême, et qu’il s’imposait à la justice britannique. Mais il n’en est rien.
L’avis du WGAD n’a pas de valeur contraignante
En réalité le groupe de travail sur la détention arbitraire n’a que la possibilité de faire connaître sa décision et d’en confier le suivi au Comité des droits de l’homme de l’ONU, qui n’a lui-même qu’une fonction politique. Les États membres regardent si les avis sont suivis d’effet, et formulent des recommandations dans le cadre de rapports. C’est essentiellement la pression médiatique permise par ces rapports qui contraint les États à les respecter.
D’où la stratégie d’Assange qui consiste à faire croire que la Grande-Bretagne n’a pas d’autre choix que de se conformer à l’avis du WGAD, et donc de faire croire à l’illégalité de son attitude, lorsqu’elle refusera de délivrer un sauf-conduit au fondateur de Wikileaks.
Le gouvernement britannique a d’ailleurs d’ores et déjà fait savoir qu’il ne changerait pas un iota à sa politique. « Une allégation de viol est toujours en cours et un mandat d’arrêt européen est en cours, dont la Grande-Bretagne continuera d’avoir une obligation juridique d’extrader M. Assange vers la Suède », a ainsi prévenu le Ministère des affaires étrangères dans un communiqué.
Reste que l’avis du groupe de travail de l’ONU est là : Julian Assange est détenu illégalement. Il est désormais reconnu comme une victime. C’est là sa principale victoire.
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