Sept millions de pirates, six, cinq ou quatre millions ? Les estimations sur le nombre d’internautes britanniques utilisant des logiciels P2P pour récupérer du contenu protégé par le droit d’auteur sont particulièrement contradictoires. Utilisées en particulier par le gouvernement de Gordon Brown pour justifier sa démarche, il s’avère que l’étude en question a été initialement commandée pour le compte de la BPI…

Alors que plusieurs artistes britanniques de premier plan donnent de la voix contre la mise en place d’une quelconque riposte graduée, parmi lesquels nous retrouvons Radiohead, Tom Jones, Elton John ou encore Paul McCartney, une nouvelle polémique sur le piratage au Royaume-Uni est apparue. En effet, le gouvernement de Brown avait avancé que pas moins de sept millions de sujets de Sa Majesté s’adonnaient au téléchargement illégal de contenus protégés. Or, lorsque la BBC a voulu creuser davantage sur le sujet, la chaine publique n’a tout simplement jamais réussi à retrouver les fameuses études utilisées par les pouvoirs publics.

Se dirige-t-on vers une véritable guerre des chiffres outre-Manche ? Selon The Register, le gouvernement britannique s’est appuyé sur un rapport commandé par le Strategic Advisory Board for Intellectual Property Policy. On y apprend que plus de sept millions d’internautes britanniques téléchargent illégalement de la musique, représentant un manque à gagner estimé à 230 millions d’euros.

Mais au lieu de provenir effectivement d’une recherche menée par des universitaires, ces chiffres sont tout droit tirés d’une étude privée réalisée par une filiale de Forrester Research, Jupiter Research… pour le compte de la British Phonographic Industry (BPI), l’association interprofessionnelle de l’industrie britannique du disque. Dans la mesure où le Royaume-Uni souhaite de mettre une riposte graduée à la française, on comprend dès lors mieux que le gouvernement s’appuie sur une recherche privée commandée par un organisation justement favorable à une politique plus répressive envers les internautes accusés de télécharger illégalement du contenu protégé.

The Register relève par ailleurs que même la méthodologie est problématique, si ce n’est douteuse. Tout d’abord, ces 7 millions sont un arrondi assez large d’une précédente étude menée en 2008 auprès de 1 176 familles britanniques reliées à Internet. Ses conclusions indiquaient que 6,7 millions d’internautes téléchargeaient illégalement. Ce qui représente un écart d' »à peine » 300 000 individus.

De plus, l’enquête menée par la filiale de Forrester Research a considéré que le Royaume-Uni hébergeait 40 millions d’internautes, alors que l’Office of National Statistics en recensait la même année quasiment 6 millions de moins.

Les recettes gouvernementales pour faire passer la pilule ne changent visiblement pas pour vendre un projet. Déjà lors d’Hadopi 1, l’ex-ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel n’hésitait pas à asséner que les Français étaient tout simplement les champions du monde du téléchargement illégal… à moins que ce ne soit l’Espagne ? On s’y perd un peu dans ces chiffres remaniés…

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