Malgré une marge d’erreur reconnue de 2 %, et malgré l’existence d’un registre qui pourrait permettre de savoir qui a voté pour quel candidat aux élections municipales, un tribunal administratif finlandais a estimé que le vote électronique était valide.

Si un anthropologue se penchait dans quelques milliers d’années sur les rites de la société du 20ème siècle, il s’intéresserait sans doute de près au processus du vote dans les sociétés démocratiques. Plus qu’une élection, c’est un véritable rituel qui répond à des codes et à des symboles que l’on trouve parfois dépassés, mais qui ont été élaborés avec soin par ceux qui ont inventé la démocratie. Le symbole le plus important est la transparence de l’urne dans laquelle le citoyen glisse son vote, dissimulé sous une enveloppe opaque. Chaque citoyen fait son choix dans le secret de l’isoloire, mais chacun doit pouvoir vérifier grâce aux parois transparentes de l’urne que son bulletin n’a pas pu être manipulé entre le moment où il a été glissé dans l’urne et le moment où le comptage des voix est effectué. L’opacité de l’enveloppe, elle, doit empêcher de savoir qui a voté quoi.

Ce sont des symboles essentiels qu’une société démocratique ne devrait pas pouvoir effacer sans se nier elle-même. Il y a quelques vieilleries que le tout numérique, dont nous sommes généralement les premiers partisans, ne devrait pas supprimer. Et tant pis s’il faut paraître réac’, le réactionnisme n’est parfois qu’un rappel à des valeurs fondamentales que l’on tend à oublier, sur ce sujet comme sur d’autres.

La Finlande en donne l’exemple. Le 26 octobre 2008, des élections municipales se sont déroulées dans trois communes finlandaises, et 232 votes ont été perdus après une défaillance des machines de vote électronique. De plus, le principe de la confidentialité des votes a été violé, puisque les machines ont enregistré un journal sur lequel apparait le nom des votants et leur vote. Les problèmes ont été fustigés par le Conseil de l’Europe qui, le 1er décembre, a jugé que le vote électronique finlandais ne satisfaisait pas aux « principes fondamentaux des élections démocratiques, en particulier le principe du suffrage universel« . Le ministre de la Justice lui-même a reconnu le 10 décembre qu’un audit qu’il avait commandé avait identifié des problèmes avec le processus.

Mais le 29 janvier 2009, la cour administrative d’Helsinki a jugé que l’élection était parfaitement valide, et qu’il n’y avait pas lieu de l’annuler. D’une part parce que l’erreur prouvée ne portait « que » sur 2 % des votes, ce qui n’était pas suffisant pour renverser l’élection. D’autre part, parce que même s’il y a effectivement une possibilité d’enfreindre le secret du vote, ça ne pourrait être le cas en pratique que suivant une procédure « illicite et même, dans le même temps, criminelle« .

Les plaignants devraient porter l’affaire devant la Cour suprême de Finlande, qui pourrait alors se prononcer vers le mois de mai 2009.

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