Avec plus d’un milliard d’habitants dont près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté, l’Inde est confrontée à une fracture qui s’amplifie entre les riches qui ont accès aux ordinateurs et les pauvres, beaucoup plus nombreux, qui n’ont jamais touché un clavier de leur vie. Avec son projet d’ordinateur à 10 dollars, l’Inde veut réduire cette inégalité. Ce qui ne pourra se faire, écologiquement, qu’à l’échelle mondiale.

MISE A JOUR (mercredi 30 juillet, 13h25) : le gouvernement indien est revenu sur sa déclaration, en corrigeant son erreur. Il ne s’agirait pas d’un projet d’ordinateur à 10 $, ce qui paraissait impossible, mais un ordinateur à 100 $. Ce qui est plus réaliste, mais ne change pas le fond de notre article.

Et vous trouviez que l’Eee PC n’était pas cher ? Pour l’Inde, même l’ordinateur portable à 100 dollars de l’initiative One Laptop Per Child (OLPC) est jugé trop cher. Il faut dire que dans ce grand pays, qui est entré en guerre commerciale ouverte avec les Etats-Unis lors des négociations aujourd’hui avortées de l’OMC, le niveau de vie d’une immense majorité de la population est très bas. Si l’Inde est le pays du monde qui compte le plus de millionnaires, le salaire moyen de 93 % de la population serait de 60 euros seulement. Si elle ne veut pas intensifier sa fracture sociale par la fracture numérique, l’Inde doit rendre les ordinateurs accessibles à une part beaucoup plus importante de ses 1,1 milliards d’habitants.

La ministre d’Etat pour l’Eduction Supérieure de l’Inde, Mme Purandeswai, a ainsi indiqué qu’un ordinateur low-cost à seulement 10 $ était actuellement à l’étude pour les écoles et les universités. Le projet a été confié à deux cabinets d’étude, l’Institut Indien des Sciences de Bangalore, et l’Institut Indien de Technologie de Madras.

Le projet, s’il voit le jour, devrait aussi permettre à l’Inde de prendre des parts de marché mondial importantes sur les ordinateurs à bas coût, appelés à prendre une place prépondérante dans l’éducation ces prochaines années. C’est toute la problématique des négociations qui ont échoué à l’OMC. Il faut d’un côté favoriser le développement économique de l’Inde, qui est une nécessité humanitaire, tout en protégeant de l’autre l’économie des pays du nord. L’équation est excessivement complexe.

Un new deal économique et écologique

Il faudrait y ajouter, aussi, l’équation écologique. Quel est le prix écologique d’un ordinateur à 10 $, et de l’électronique toujours moins cher, toujours plus « jetable », toujours plus démocratisée ? Une fois que l’on a dit que cette démocratisation était souhaitable et nécessaire pour lutter contre la fracture sociale, il est essentiel de ne pas écarter d’un revers la main la question écologique, encore trop souvent ignorée.

Dans un monde de ressources limitées, on ne peut pas décemment vouloir instaurer un développement durable et mettre un ordinateur ou un téléphone portable dans les mains de 7 milliards d’habitants. Ce qui est très facile à dire (et à écrire) pour un rédacteur confortablement assis au chaud derrière son écran n’en est pas moins une réalité sociale que le monde occidental refuse d’affronter, par un sentiment mélangé d’égoïsme et de culpabilité. Comment refuser aux pays émergents ce que l’on s’accorde sans réfléchir à soi-même ?

La solution, sans doute, ne pourra venir que d’un immense new deal à l’échelle mondiale. Mais comment le provoquer ? Comment réussir par la paix ce qui, historiquement, à l’échelle d’un pays ou d’un continent, ne s’est toujours résolu que par la guerre ou la révolution ? Et l’Homme est-il seulement capable, s’il le fallait, de renoncer en partie au progrès technique qu’il a développé ?

Nous pourrions mutliplier encore les questions… car nous n’avons, nous, aucune réponse à apporter. Et vous ?

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