Aux Etats-Unis, le débat présidentiel fait un tabac en s’appuyant sur les questions d’électeurs lambda tirées de YouTube. Après la télé-réalité, c’est donc le Web 2.0 qui se charge de pousser un peu plus la politique du débat pompeux vers la distraction télévisuelle.

On reproche souvent aux politiques de s’éloigner du peuple et de se déconnecter petit à petit des questions qui lui tient à coeur. On en fait même souvent, même si cela reste à prouver, un des facteurs principaux de la désaffection de la politique par les jeunes.

Depuis, les politiques redoublent d’effort pour donner l’impression qu’ils restent proches de l’électeur lambda. Quelques micro-trottoirs, un petit bain de foule, et une bonne dose de démagogie ont jusque là souvent fait l’affaire. Le Web 2.0 avait même introduit le blog au kit parfait du candidat proche du peuple. Mais on est jamais à court d’idées pour le compléter, et c’est cette fois-ci vers YouTube que les regards se tournent.

Ainsi, CNN s’est allié à YouTube pour appuyer le débat présidentiel américain sur le site de partage vidéo. L’idée est de proposer aux électeurs de publier leurs questions par vidéo, puis de les soumettre aux candidats, questions qui seront bien entendu préalablement triées par les journalistes selon des critères qui n’appartiennent qu’à eux.

Et la formule marche plutôt bien car le débat de CNN a battu des records d’audience chez les 18-34 ans. Alors qu’est-ce qui change de manière suffisamment significative pour que cela engendre ce que les médias n’hésiteront pas à désigner un peu vite comme un regain de conscience politique chez les jeunes ?

Le fait est que le micro-trottoir (la formule qui semble la plus proche de ce que propose CNN) induit toujours une certaine formalité due à la spontanéité des réponses obtenues. Hors, avec YouTube, les internautes ont le temps de préparer leur vidéo. Certains se mettent en scène de manière dramatique : ce trentenaire traité par chimiothérapie qui retire sa perruque pour demander « à quand les soins gratuits ? », d’autres misent sur l’humour : un guitariste qui pose une question sur les taxes sous forme de chanson, et bien d’autres encore.

Bref, les questions amènent toute une mise en scène que ne possèdent pas les autres formes jusqu’ici présentes. En clair, avec YouTube, on quitte la formalité des journalistes, le débat pompeux, pour faire de la politique une distraction aussi tragi-comique qu’un premier épisode de « A la recherche de la nouvelle star ».

Le politique devient quelqu’un de marrant, que l’on attend au tournant de voir si il aura assez de répartie pour réagir à une vidéo osée. Le politique se met en péril et on guette avidement celui qui perdra la face. Le politique n’est plus une carapace charnelle à contenir un substrat d’idées mais quelqu’un d’humain, d’émotionnellement affectif.

Le phénomène de télé-réalité avait déjà poussé les choses dans cette direction, quand les candidats ont commencé à se mettre en scène dans leur vie familiale, et le Web 2.0 semble en passe de pousser toujours un peu plus loin cette transition.

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