Aux Etats-Unis, le FBI avait classé l'activiste Jeremy Hammond dans la liste des personnes suspectées de liens avec une entreprise terroriste. L'homme a été condamné en 2013 pour avoir piraté des e-mails d'une société privée de renseignement, publiés par Wikileaks.

Qu'est-ce que le terrorisme, et qu'est-ce qu'un terroriste ? Après des décennies de négociations, les Nations Unies n'ont jamais réussi à trouver de définition commune. Mais il est désormais très pressant d'en trouver une, à une époque où la qualification de terrorisme est utilisée pour détourner le droit commun dans nombre d'enquêtes ou de poursuites judiciaires.

Aux Etats-Unis, le site Daily Dot a révélé que le FBI avait placé l'activiste Jeremy Hammond dans la "Terrorist Screening Database", une liste de terroristes et de simples suspects d'activités terroristes, partagée par les agences fédérales. Selon le document publié daté de 2012, qui aurait dû être "détruit après usage" par les destinataires, cet ancien Anonymous était suspecté d'être "un possible membre d'une organisation terroriste", sans que cette organisation soit désignée. Il peut donc s'agir d'Al-Qaïda, du front Al-Nostra, de l'Etat Islamique, ou de n'importe quelle autre organisation, y compris née de l'imagination des enquêteurs.

Comme le rappelle The Guardian, lors de son procès en 2013 qui l'a fait condamner à 10 ans de prison pour avoir notamment piraté et divulgué des millions d'e-mails du cabinet de renseignement privé Stratfor, aucun lien avec une activité terroriste n'avait été évoqué.

Al-Qaïda ou Anonymous ?

Le hacker a appartenu au mouvement Anonymous, qui n'a aucun leader et dont aucune activité ne semble pouvoir être qualifiée de "terrorisme", sauf à en avoir une définition particulièrement large, et donc problématique en démocratie. Les lignes directrices (.pdf) fixées pour remplir la Terrorist Screening Database autorisent le classement d'auteurs ou complices de tous "actes dangereux pour la vie humaine, une propriété ou une infrastructure", à condition toutefois qu'ils visent à "intimider ou soumettre une population civile", ce qui n'était pas le cas du piratage de Stratfor, ou à "affecter la conduite d'un gouvernement par une destruction massive", ce qui n'était pas non plus le cas.

En classant Hammond dans cette liste, l'objectif du FBI était d'obtenir tous les moyens de l'Etat pour traquer l'individu, y compris sa mise sous surveillance par la NSA. La procédure impose également le plus grand soin aux policiers et autres agents qui viendraient à interpeller l'individu.

Adressé au bureau du procureur de Manhattan, le document demandait à ne pas révéler à Jeremy Hammond qu'il avait été placé sur la liste des terroristes, y compris lors de son procès, sauf à obtenir une autorisation préalable des services fédéraux.

Selon le site spécialisé The Intercept, rien moins que 700 000 personnes étaient fichées dans la liste des terroristes potentiels en novembre 2013.


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