Les mois passent et la menace prend du galon.
Alors qu’en août 2025, Anthropic dévoilait une campagne de « vibe hacking », autrement dit une opération de vols de données orchestrée à l’aide de son outil de génération de code Claude Code, l’entreprise américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle dévoile désormais la « première campagne de cyberespionnage orchestrée par IA ».
Ici, Claude Code va bien au-delà du fait d’assister les cyberespions humains : « L’IA a pu mener à bien 80 à 90 % de la campagne, l’intervention humaine n’étant requise que sporadiquement – environ 4 à 6 points de décision critiques par campagne de piratage », détaillent les chercheurs d’Anthropic dans un rapport publié le 13 novembre 2025.
L’IA à chaque étape d’infiltration
Dans le cadre de cette campagne, Claude Code occupe donc un rôle clé et autonome à plusieurs étapes du processus d’intrusion.
Les opérateurs humains sont sollicités durant la phase d’initialisation, dans laquelle ils sélectionnent et définissent les cibles, puis manipulent l’IA par du «roleplay», la convainquant qu’elle mène des opérations de pentesting parfaitement légales et encadrées.


Une fois les cibles choisies et l’opération lancée, l’IA prend la relève et commence une reconnaissance automatisée. Elle cartographie l’infrastructure technique des entités ciblées, explore les services internes et identifie de potentiels points faibles, le tout sans directive humaine. Cette phase se déroule simultanément sur plusieurs cibles, chaque campagne étant gérée par des agents IA capables de maintenir indépendamment leur propre contexte opérationnel.

Quand des vulnérabilités sont repérées, l’IA passe à la validation en testant de façon autonome les surfaces d’attaque. Elle génère et ajuste des charges malveillantes adaptées aux faiblesses identifiées, exploite les failles en temps réel, puis documente l’ensemble de ses résultats pour les soumettre à la révision humaine.
Autorisation humaine obtenue, Claude s’attaque ensuite à la récolte des identifiants et au mouvement latéral : elle extrait et teste des identifiants récupérés sur les systèmes internes, élabore une carte complète des accès, privilèges et relations entre différents services du réseau en totale autonomie.
La collecte d’informations constitue la phase la plus autonome. L’IA interroge les bases de données, identifie leur valeur sans solliciter l’analyse humaine, et classe les informations par utilité.
Le rapport final d’exfiltration des données fait alors l’objet d’une dernière validation des opérateurs. Tout au long du processus, Claude génère des dossiers de documentation retraçant chaque étape, ce qui facilite la continuité de l’opération et le transfert à d’autres équipes de cyberespions.
Un acteur chinois suspecté par Anthropic
Pour mener ses intrusions, l’IA exploite principalement des failles de sécurité connues et documentées.
L’aspect inédit de cette opération relève davantage des capacités de quantité de travail, plutôt que de la mise au point de techniques de hacking exceptionnelles.
« L’IA a effectué des milliers de requêtes par seconde, une vitesse d’attaque qu’il aurait été tout simplement impossible à égaler pour des pirates informatiques humains », explique Anthropic. « Des groupes moins expérimentés et disposant de moins de ressources peuvent désormais potentiellement mener des attaques de grande envergure de ce type. »
Selon la société américaine, ce dispositif de cyberespionnage quasi autonome a été mis sur pied par un groupe de cyberespions chinois soutenu par le gouvernement de Beijing et référencé sous le code GTG-1002.
L’opération aurait visé environ 30 entités dans plusieurs pays, principalement de grandes entreprises de la tech, des institutions financières, des sociétés de fabrication chimique et des agences gouvernementales. Un « petit nombre d’intrusions » auraient réussi, précise Anthropic.
L’entreprise a détecté les premiers signes de cette activité à la mi-septembre 2025 et a depuis banni les comptes associés à cette opération.
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