Le régulateur des télécoms propose de faire évoluer la tactique contre les appels frauduleux, avec la mise en place d’un numéro générique un peu particulier. En effet, malgré le récent mécanisme d’authentification du numéro d’appelant, des usurpations continuent d’avoir lieu.

Dans un avenir proche, votre écran de téléphone affichera peut-être de temps à autre un mystérieux numéro de téléphone lors d’un appel entrant : « 99 99 99 99 99 ». Ce ne sera pas un bug, mais la traduction concrète d’un nouveau plan de lutte contre les usurpations de numéros de téléphone que cherche à actionner le régulateur des télécoms.

L’Autorité de régulation des communications électroniques vient, en effet, le 23 juillet 2025, de soumettre à consultation publique un projet d’évolution du cadre relatif à l’attribution et à l’utilisation des ressources en numérotation. Parmi les mesures envisagées, figure donc un nouveau numéro de téléphone qui doit s’afficher quand un numéro n’a pas pu être identifié.

« 99 99 99 99 99 », nouvelle arme anti-appels frauduleux

Ce « 99 99 99 99 99 » vient surtout épauler le mécanisme d’authentification du numéro d’appelant (MAN), une disposition prévue par la loi du 24 juillet 2020 visant à encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre les appels frauduleux. Déployé depuis l’automne 2024, le MAN est maintenant généralisé chez la quasi-totalité des opérateurs français.

Mais les personnes à l’origine des appels frauduleux ont de la ressource. La preuve : malgré ce récent dispositif, le régulateur a reçu depuis le début de l’année plus de 10 000 signalements relatifs à des usurpations de numéros. Et il ne s’agit là que des alertes effectivement remontées jusqu’à lui : à cela s’ajoutent les victimes qui ont subi ces appels en silence.

Le Loup de Wall Street
Les appels indésirables persistent malgré les dispositifs les plus récents. // Source : Le Loup de Wall Street

Si l’ARCEP note que cette usurpation est « souvent éphémère », elle cause malgré tout du tort aux individus dont le numéro a été usurpé — qui se font rappeler par des correspondants mécontents d’avoir été contactés. Et elle dérange par ailleurs les personnes qui ont été ciblées initialement par ces appels intempestifs.

Aussi, le régulateur propose le plan suivant :

  • Afficher « 99 99 99 99 99 » quand un appel présentant un numéro mobile français depuis l’international n’a pas pu être authentifié.

« De très nombreux appels frauduleux utilisant un numéro mobile usurpé arrivent en France depuis l’étranger sans être filtrés, faute pour les opérateurs français de pouvoir les différencier des appels légitimes émis en itinérance par des abonnés français », note l’ARCEP. Pour limiter la casse, ces appels incertains s’afficheront sous ce numéro générique.

Ce faisant, les appels légitimes des abonnés en itinérance qui ont pu être authentifiés pourront continuer d’être acheminés et affichés normalement. À l’inverse, le public pourra savoir en amont des incertitudes liées à un appel qui se présenterait avec ce numéro générique à l’écran. Libre ensuite à chacun de prendre l’appel ou non.

Source : Fédération française des télécoms
Le système MAN. // Source : Fédération française des télécoms
  • Afficher aussi « 99 99 99 99 99 » si les opérateurs sont confrontés à des contraintes techniques les empêchant de retransmettre les informations d’authentification du numéro d’appelant lors de l’acheminement de l’appel.

Le régulateur n’ignore pas que des raisons techniques sont susceptibles de perturber la bonne exécution du mécanisme d’authentification du numéro d’appelant. Ces limites peuvent venir d’équipements ne sachant pas rediriger des appels selon les standards. Une faiblesse dans laquelle ont déjà pu s’engouffrer des fraudeurs.

Dans ce cas, l’ARCEP plaide pour utiliser là encore ce numéro générique « afin d’éviter que de potentiels appels légitimes ne soient interrompus par les opérateurs des utilisateurs appelés tout en limitant les risques d’usurpation ». En creux, cela peut aussi conduire à ce que des appels légitimes soient présentés avec ce « 99 99 99 99 99 ».

  • Clarifier l’obligation qu’ont les opérateurs de bien vérifier les numéros d’appelant qu’utilisent leurs clients

Pour l’ARCEP, il faut que les opérateurs déterminent dans le contrat avec leur client la liste des numéros qu’il peut utiliser comme numéro d’appelant et restreindre techniquement les numéros que le client peut utiliser lors de ses appels à cette seule liste. Le MAN implique une chaîne de confiance entre opérateurs, mais aussi des efforts particuliers.

Quand verra-t-on ce « 99 99 99 99 99 » ?

Pour l’instant, la consultation publique est lancée. Elle doit durer près de deux mois, avec des contributions attendues jusqu’au 26 septembre 2025. Outre les opérateurs, les associations de consommateurs, les particuliers ou les éditeurs ont la possibilité de donner leur avis.

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