L’affaire Bétharram, qui secoue la vie politique française depuis de longs mois, porte sur des accusations de violences dans un établissement religieux du Béarn et a placé François Bayrou sous une pression judiciaire et médiatique constante. Mais depuis que le Premier ministre a dénoncé une cyberattaque ayant rendu inaccessibles les documents publiés pour sa défense, le dossier a pris une dimension numérique inédite.
Cette nouvelle facette de l’affaire met en lumière des erreurs de gestion technique et de communication qu’il aurait pourtant été possible d’éviter simplement.

Erreur numéro 1 : publier les preuves sur un site personnel


En choisissant de mettre en ligne des documents sensibles directement sur son site personnel bayrou.fr, géré par son propre parti, François Bayrou a pris un risque majeur. On apprend désormais, confirmation de l’hébergeur à l’appui, que ce sont bien deux attaques par déni de service (DDoS) successives qui ont rendu le site inaccessible et donc coupé l’accès aux fameuses preuves censées le défendre. Séparer la vitrine politique d’une plateforme dédiée au partage de documents est pourtant une précaution élémentaire.
Erreur numéro 2 : ne pas suivre les recommandations de l’État
Nextcloud, MediaWiki, plateformes institutionnelles : l’État français recommande depuis longtemps des outils robustes, open source et éprouvés pour le partage sécurisé de fichiers. Au-delà de la sécurité et de la traçabilité qu’elles offrent, ces plateformes présentent un avantage stratégique : elles permettent d’héberger et de partager des documents sensibles sur une infrastructure distincte du site principal. Ainsi, en cas d’attaque DDoS rendant le site principal indisponible, les fichiers restent accessibles via une plateforme tierce (à condition que celle-ci bénéficie de protections adaptées contre ce type d’attaque). Cette séparation des ressources aurait donc permis à François Bayrou de continuer à partager ses pièces de défense, même en pleine cyberattaque, en évitant que la saturation du site principal ne bloque l’accès aux documents essentiels.

Erreur numéro 3 : L’ANSSI à portée de main, mais pas consultée ?
Ironie de la situation : l’ANSSI, l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, est placée sous l’autorité directe du Premier ministre. À l’heure où cet article est publié, nous ne savons pas si François Bayrou ou son équipe ont sollicité l’expertise de l’ANSSI concernant la cyberattaque sur son site personnel, et l’agence n’a pas répondu à nos questions sur ce point. Pourtant, s’appuyer sur les compétences de cet organisme de pointe avant toute publication sensible aurait permis d’anticiper les risques, de renforcer la sécurité et d’apporter une crédibilité supplémentaire à la démarche de défense. Au vu du résultat, et dans la mesure où le gouvernement français héberge des documents sans problème, cette étape semble avoir été négligée.
Erreur numéro 4 : Ne pas préparer de communication de crise
Dénoncer une cyberattaque sans fournir d’éléments techniques ni de preuves indépendantes, c’est ouvrir la porte au doute. Une gestion de crise efficace implique d’anticiper la communication : préparer des explications claires, s’appuyer sur des relais officiels, et, si besoin, faire attester la réalité de l’attaque par des experts indépendants. Sur ce point aussi, la stratégie de Bayrou laisse à désirer.
Et pour l’instant, le flou persiste : au moment où cet article est publié, le site bayrou.fr reste indisponible et les fameux documents n’ont pas refait surface ailleurs. De quoi laisser la polémique et les questions sur la gestion numérique du Premier ministre tourner en boucle.
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