17,22 dollars par heure, voilà la nouvelle rémunération plancher pour les taxis et les conducteurs de VTC de la ville de New York. S’ils gardent leur statut de travailleurs indépendants, ils seront désormais payés au minimum légal de l’état, et dédommagés pour les dépenses liées à leur travail.

Les conducteurs de VTC de la ville de New York ne pourront plus gagner en dessous du minimum horaire. La ville a voté ce lundi 4 novembre un paiement plancher horaire pour les conducteurs de taxis et VTC de la Big Apple, auquel les entreprises devront se plier dans 30 jours.

Les plus de 70 000 conducteurs professionnels de New York ont assuré 159 millions de courses en 2017. Mais cette communauté a déploré au cours des derniers mois pas moins de huit suicides de conducteurs, potentiellement poussés à bout par leurs conditions de travail. Cette situation de crise a encouragé les élus de la ville à défendre ces travailleurs.

Les conducteurs de VTC new yorkais gagneront en moyenne 9600 euros de plus par an grâce à cette décision. // Source : Flickr/CC/freestock.org

Sur l'application Uber, vous pouvez noter vos chauffeurs, mais la réciproque est aussi vraie.

Source : Flickr/CC/freestock.org

« C’est la première fois dans le monde qu’on voit une véritable tentative pour arrêter la dégringolade de la rémunération des conducteurs, alors que c’est une pratique courante pour Uber et Lyft », s’est félicité Bhairavi Desai, directeur exécutif de la New York Taxi Workers Alliance dans un communiqué.

Les conducteurs gagneront au moins 17,22 dollars (15 euros) brut par heure, un montant qui correspond au minimum horaire légal de l’état de 15 dollars, additionné à une compensation pour les coûts comme l’essence et l’entretien de la voiture. Ce plancher est plus de 3 dollars supérieur au salaire horaire moyen qu’ils gagnaient jusque-là. Et en plus, ils seront rémunérés même pendant les déplacements sans passager, contrairement à aujourd’hui.

Rémunération plancher sans être salarié

Le salaire minimum est habituellement refusé aux conducteurs de VTC en raison de leur statut de travailleur indépendant, et ils sont en conséquence rémunérés sans prix minimum. Mais la ville de New York, via sa taxi and limousine commission (TLC) ne s’est pas attardée sur le statut des conducteurs pour savoir s’ils avaient accès à une rémunération minimale.

Les travailleurs indépendants se sont fédérés pour réclamer ce droit, qui leur a été accordé avec l’appui d’une étude d’économistes de l’Université de Berkeley pour la New School. Les chercheurs ont calculé ce montant plancher en prenant en compte les dépenses des conducteurs, et en s’assurant que les entreprises de VTC pouvaient assurer le paiement de ce nouveau montant.

Dépasser la question du statut des travailleurs

Le combat pour l’amélioration des conditions de travail des travailleurs d’Uber est généralement lié à la question de la requalification de leur statut d’indépendant en salarié. L’avocate Shannon-Liss Riordan s’est notamment illustrée en parvenant à faire plier des startups qui s’appuient sur le business model d’Uber. En France, les défenseurs des travailleurs se félicitaient la semaine dernière d’un arrêt de la Cour de Cassation. Le livreur concerné, de l’entreprise Take Eat Easy, pourrait voir son statut d’indépendant requalifié en emploi salarié, 2 ans après la liquidation de l’entreprise.

L'avocate Shannon Liss-Riordan essaye depuis des années de faire requalifier les employés d'Uber en salariés. Capture d'écran Youtube // Source : Youtube

L'avocate Shannon Liss-Riordan essaye depuis des années de faire requalifier les employés d'Uber en salariés. Capture d'écran Youtube

Source : Youtube

Le directeur des affaires publiques d’Uber, Jason Post, a concédé que l’augmentation de la rémunération des travailleurs était nécessaire, mais il a également taclé la TLC sur le problème des embouteillages à Manhattan. Ce sujet revient régulièrement sur la table de la commission des taxis et limousines de New York, et Jason Post pense que l’augmentation des rémunérations augmentera le nombre de chauffeurs.

Cet argumentaire bancal, qui s’appuie en plus sur sur un problème new-yorkais, ne fonctionnerait pas dans d’autres villes. Dans les mois à venir, on pourrait donc voir des décisions similaires prises par d’autres métropoles américaines. Et pourquoi pas voir à terme l’impact de cette décision en France.


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