L’entreprise Emma, spécialisée dans la vente de matelas, a été sacrée au cours du sommet The Next Web, alors qu’elle n’a rien d’une « startup tech » classique.

Rien ne sert de courir, il faut miser sur les matelas. L’adage n’existe pas encore, mais il pourrait bien servir de leçon aux startups qui développent sites, applis et autres plateformes tech autour de concepts comme la blockchain ou l’intelligence artificielle.

The Next Web (TNW) récompensait ce 24 mai 2018 la startup qui a connu la plus forte croissance cette année en Europe. Parmi les finalistes : une app de mise en relation de parents et babysitters, une plateforme de transactions de cryptomonnaies, une app pour apprendre aux jeunes à devenir trader, un site qui permet de réserver des soirées… En somme, un bel aperçu du paysage actuel des startups, que The Next Web a pris pour habitude de représenter à travers des conférences sur le futur des nouvelles technologies.

C’est pour cette raison que le nom du grand gagnant du concours « Tech5 Awards », organisé par TNW et la plateforme Adyen, a de quoi faire sourire. Au milieu de toutes ces startups tech, c’est la société allemande Emma, spécialisée dans la vente de matelas, qui l’a emporté.

© Bas Losekoot

L’équipe de Emma Matelas © Bas Losekoot

Revoir l’image de l’écosystème des startups

Emma Matelas ne permet pas le paiement en bitcoin, sa technologie ne repose sur aucune blockchain… pire : elle n’a même pas d’application. Emma est une simple société de vente de literie, dont le succès, comme celle de ses concurrents Casper ou Eve, ne porte pas sur une innovation tech révolutionnaire — tout au mieux une maîtrise des matelas en mousse expansive et une logistique sans faille.

Mais grâce à une croissance de son chiffre d’affaires de 14 315 % entre 2015 et 2017, elle a coiffé au poteau tous ses concurrents — la deuxième, Luno, ne présentait « que » 12 369 % de croissance —, soulignant tout le paradoxe de l’écosystème « startupien » actuel.

Comment expliquer un tel succès ? Emma Matelas l’a emporté, car l’entreprise a su profiter d’un marché incontournable sur lequel les acteurs vieillissants n’avaient pas pris la peine de se renouveler. Grâce à son look plus contemporain et en proposant des matelas que l’entreprise s’engage à reprendre si vous n’êtes pas satisfaits, elle est parvenue à toucher un public plus jeune, et a vu ses profits augmenter de manière exponentielle.

Il reste de la place pour les autres startups

Est-ce à dire que les startups tech sont destinées à se faire coiffer au poteau ? Évidemment, le modèle d’Emma (vendre des biens onéreux avec une belle marge) lui a permis d’obtenir une croissance de revenus beaucoup plus forte que pour des startups qui proposent des services, généralement moins coûteux, et qui se rémunèrent à la commission. Mais la victoire de la startup allemande montre que malgré les avancées technologiques mondiales et l’omniprésence de la tech — que l’on associe parfois automatiquement à tort au mot « startup »  , il reste de la place pour les startups en-dehors du tout numérique. Une place de taille.

Les Tech5 Awards sont symboliques (« c’est une belle vitrine », nous explique l’un des finalistes), mais ils montrent en même temps que même les plus grandes conférences tech ne peuvent passer à côté des nouveaux acteurs comme Emma.


Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !