Le 29 septembre 2025, Electronic Arts (EA), géant américain du jeu vidéo, a officialisé son rachat pour 55 milliards de dollars par un trio d’investisseurs : le Public Investment Fund (PIF) d’Arabie saoudite, le fonds d’investissement technologique Silver Lake, et Affinity Partners, le fonds Jared Kushner (le gendre du président Donald Trump).
Cette opération colossale, l’une des plus importantes acquisitions jamais réalisées dans le secteur, marque un tournant pour l’éditeur de Battlefield, Les Sims et EA Sports FC.
Un mastodonte du jeu vidéo devient privé
Le deal prévoit que les actionnaires actuels d’EA reçoivent 210 dollars par action en cash, soit une prime de près de 25 % par rapport au cours boursier précédent l’annonce. Une fois l’opération finalisée, EA ne sera plus coté en Bourse : l’entreprise redeviendra privée.
Le siège social restera en Californie, et Andrew Wilson, PDG depuis 2013, conservera son poste. Selon le communiqué, ce changement doit « libérer de nouvelles opportunités » et « accélérer l’innovation » en affranchissant EA des contraintes de la cotation publique, tel que le fait de devoir régulièrement publier ses résultats financiers. Mais pourquoi un tel rachat maintenant ? Pour les investisseurs, EA est une cible évidente : des franchises ultra-rentables (FIFA/EA Sports FC, Madden, Les Sims), un savoir-faire solide dans les services en ligne, et une position centrale dans un marché mondial du jeu vidéo.
Du côté des acquéreurs, les motivations divergent :
- Affinity Partners complète le consortium avec un apport en capitaux.
- PIF, déjà actionnaire d’EA (9,9 %), poursuit sa stratégie de diversification de l’économie saoudienne et son offensive dans le divertissement numérique.
- Silver Lake mise sur son expertise dans les rachats technologiques pour optimiser la croissance d’EA.
Cette transaction valorise EA à 55 milliards de dollars : le financement provenant de PIF, Silver Lake et Affinity Partners s’élève à 36 milliards de dollars et celui-ci est complété par un emprunt de 20 milliards de dollars auprès de la banque JPMorgan. La transaction devrait se conclure au premier trimestre de l’exercice fiscal 2027, soit entre avril et juin 2026. Cette échéance est conditionnée à l’obtention des approbations réglementaires et à l’accord des actionnaires d’EA, précise le communiqué.

Qu’est-ce que ça change pour les joueurs ?
À court terme, aucune modification pouvant bouleverser le quotidien des joueuses et joueurs n’a été annoncée : les jeux en cours de développement continueront, les serveurs resteront en ligne et le catalogue EA Sports ne disparaîtra pas des consoles. Selon le communiqué officiel, « ces partenariats offrent à EA des possibilités uniques pour combiner expériences physiques et numériques, renforcer l’engagement des fans et créer de nouvelles opportunités de croissance ». Andrew Wilson affirme vouloir continuer de « repousser les limites du divertissement, du sport et de la technologie, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives ». Il se dit « plus enthousiaste que jamais quant à l’avenir que nous construisons ».
Si les conséquences de ce rachat ne se feront pas sentir dans l’immédiat, plusieurs scénarios (hypothétiques) sont envisageables pour le moyen et long terme :
- Plus de liberté créative : sans l’œil des marchés financiers, EA pourrait se permettre des paris plus risqués, relancer des licences dormantes, ou investir dans des projets expérimentaux.
- Pression financière accrue : l’opération étant en partie financée par de la dette, les nouveaux propriétaires pourraient chercher à maximiser la rentabilité via davantage de micro-transactions, de contenus additionnels ou de fermetures de studios jugés non rentables.
Après le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft en 2023, celui d’EA confirme la consolidation accélérée du jeu vidéo. De plus en plus, quelques grands acteurs — souvent soutenus par des États ou des fonds géants –contrôlent des pans entiers du marché. Le fonds souverain d’Arabie saoudite n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai : en 2022, le PIF a acquis Scopely, éditeur de jeux mobiles derrière Monopoly Go! via Savvy Games Group, et, l’an passé, la division jeux vidéo de Niantic, créateur de Pokémon Go. Parallèlement, il s’est imposé comme un acteur majeur de l’e-sport, avec les rachats en 2022 des organisateurs d’évènements ESL et FaceIt.
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