5 ans après son lancement, Ulule se positionne comme la première plateforme de crowdfunding européenne. Mathieu Maire du Poset, directeur général adjoint de la plateforme, nous a donné sa vision du crowdfunding.

Le 24 janvier dernier, nous rencontrions Mathieu Maire du Poset pour discuter de l’avenir d’Ulule. Aujourd’hui, ce Français qui fait partie des leaders européens du crowdfunding a annoncé avoir levé 5 millions d’euros pour son développement à l’international. Nous vous proposons pour l’occasion de relire cet entretien.

Le crowdfunding, ça marche plutôt bien en France. Comment l’expliquez-vous ?

Ulule fête ses 5 ans cette année et on est heureux d’être les premiers en termes de projets déposés et de dons récoltés. Ulule couvre un prisme assez large de la population même si on touche bien les milieux « geeks » très axés sur le numérique. Pour autant, le crowdfunding touche essentiellement les grandes villes.

Quand on met le phénomène à l’échelle nationale, on est à moins de 10 % de français qui ont déjà donné. Le phénomène reste assez marginal, au fond. L’augmentation est donc assez logique sur un marché comme celui-ci : il est nouveau.

Chez Ulule, nous souhaitions dès notre lancement être ouverts à tous les types de projets contrairement à des plateformes comme MyMajorCompany ou la première version de KissKissBankBank. Du coup, on a beaucoup de projets culturels ; d’autres sont liés à des associations mais on a aussi des idées qui viennent directement de l’entreprenariat.

Puisque vous en parlez, quels sont les projets qui fonctionnent le plus ?

Les projets d’entreprenariat sont entrain d’exploser. Les gens sont en train de se rendre compte qu’aujourd’hui, s’ils font de la mode, de la restauration, de l’agriculture ou de l’artisanat, que si une activité est un minimum B2C (business to consumer, ndlr) et qu’en face il y a une communauté, alors ils vont lancer une mécanique de financement participatif. La croissance, chez Ulule, se concentre beaucoup sur ces nouveaux secteurs.

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Le crowdfunding, c’est l’alternative au système bancaire classique ?

Certaines plateformes surfaient beaucoup sur l’argument anti-système du crowdfunding : « On est gentil, on vient remplacer les banques »… Chez Ulule on n’a jamais cru à cet argument parce que ça n’est pas vrai. Pour nous il ne s’agit même pas d’une alternative au système bancaire, mais plus d’un complément. La plupart des porteurs de projets qui viennent chez Ulule, viennent parfois pour compléter un prêt bancaire.

Le crowdfunding n’est pas seulement un outil alternatif pour promouvoir des petits projets : c’est un nouvel outil de financement puissant qui permet d’aller chercher du financement mais qui permet aussi d’aller chercher d’activer d’autres leviers. Et de poser les bonnes questions. Mon projet est-il intéressant ? Est-ce qu’il y a du monde prêt à le soutenir ? C’est vraiment une façon d’aller cherche une « proof of concept ». Ça permet réellement de créer et d’engager une communauté autour du projet. Je crois que c’est vraiment la valeur ajoutée du crowdfunding. 

Le crowdfunding permet réellement de créer et d’engager une communauté autour d’un projet.

Quel est l’intérêt, d’après vous, pour les backers ?

Les gens viennent donner parcequ’à travers un projet ils ont l’impression d’être acteur de celui-ci. Derrière chaque projet il y a aussi une histoire et c’est pour ça que les gens donnent avant tout. Pour cette histoire. Le lien fort entre le lanceur de projet et son donateur c’est l’envie de créer du sens. Et donc en effet, derrière il n’y pas de retour sur investissement, mais le CD qui va être financé avec un financement participatif aura plus de valeur qu’une précommande sur iTunes pour le donateur. C’est un objet à valeur augmentée qu’il recevra directement par le lanceur de projet. 

Aujourd’hui, 20 % des utilisateurs chez Ulule ont, en moyenne, financé deux projets, sachant que la communauté globale approche le million, ce qui est assez important. Mais il y a souvent un schéma type dans le financement d’un projet qui se compose de trois cercles : le premier c’est la famille et les proches du porteur de projet, pas tant parce qu’ils sont intéressés par le projet mais parce qu’il y a de l’affectif et qu’ils ont envie de soutenir une idée.

Le deuxième cercle c’est ce qu’on à tendance à appeler chez Ulule « la communauté existante autour du projet » : c’est une communauté qui a été touchée via une page Facebook ou Twitter. Le troisième cercle regroupe le grand public. Si le projet est vraiment intéressant, les gens qui n’ont pas de lien direct ou indirect avec le projet vont quand même investir. Et c’est finalement cette dernière catégorie de donateurs qui va donner le principal indice pour répondre à la question cruciale : « Mon projet va-t-il fonctionner ? »

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La vie pendant et après Ulule pour les porteurs de projets, comment ça se passe ?

Ulule est une plateforme d’hébergement : nous n’avons aucune responsabilité par rapport aux entreprises qui passent ou sont passées chez nous. Nous n’avons pas vocation à les suivre après leur campagne de financement.

Pour autant, nous avons une vision très communautaire et très web du crowdfunding : on a toujours voulu accompagner tous les porteurs de projets sur notre plateforme. Cet accompagnement a d’énormes conséquences dans la réalisation des projets sur Ulule puisqu’on a un taux de succès qui approche les 66 % là ou Kickstarter est à 30 %. C’est comme un cercle en fait : en accompagnant les porteurs de projets pour que le plus grand nombre d’entre eux réussissent, c’est une relation de confiance qui s’installe entre la communauté, les porteurs de projets et Ulule.

Et l’avenir pour Ulule ? Du nouveau ?

On est entrain de travailler sur quelque chose en effet… mais vous le saurez en temps voulu !

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