La Commission européenne note avec satisfaction que les géants du net ont musclé leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme. Selon Bruxelles, il a été constaté une augmentation des retraits de contenus en ligne considérés comme de la propagande.

En matière de lutte contre la diffusion de contenus perçus comme de la propagande terroriste, la Commission européenne est visiblement satisfaite des efforts déployés par les grandes plateformes du net. Dans un communiqué revenant sur la troisième réunion ministérielle du Forum de l’UE sur Internet, Bruxelles relève une meilleure réactivité pour retirer ces publications.

« Nous gagnons en rapidité et en finesse dans la lutte contre la propagande terroriste en ligne. Nous sommes non seulement capables de la détecter, mais aussi de la supprimer rapidement, dans certains cas, avant même qu’elle n’ait été publiée », s’est ainsi félicité Dimítris Avramópoulos, commissaire responsable entre autres des affaires intérieures et de la citoyenneté.

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Julian King.
CC European Union 2016 – European Parliament

Même son de cloche chez Julian King, son collègue pour l’union de la sécurité : « Je me réjouis des progrès annoncés, d’autant plus qu’ils s’appuient sur l’approche de coopération que nous privilégions avec les entreprises ». Il a toutefois prévenu qu’une analyse aurait lieu pour voir si ces efforts « vont assez loin et sont suffisamment rapides » et s’il faut en passer par la loi pour les accentuer.

« Notre objectif le plus urgent à présent est d’intensifier nos efforts afin que toutes les entreprises de l’internet prennent part à cette action: nous ne devons plus laisser aucune chance aux contenus terroristes en ligne, d’où qu’ils viennent », a ajouté le commissaire grec, tandis que son homologue anglais a affirmé qu’il « existe un lien direct entre les attentats perpétrés » en Europe et les médias publiés par les terroristes.

« On ne peut continuer à laisser ce type de contenus terroristes briser des vies »

Les procédures de retrait visant ces contenus assimilés à de l’apologie du terrorisme impliquent en premier lieu les géants du web, à savoir Google, Facebook et Twitter, car c’est avant tout sur leur réseau que se masse la majorité des internautes. C’est donc à ce niveau que l’accent est mis, là où l’apparition de ces publications pourrait poser le plus de souci en termes d’embrigadement.

D’ailleurs, signe de l’importance qu’ont ces poids lourds d’Internet dans ce plan de bataille, le communiqué de la Commission laisse une large place aux commentaires de leurs représentants. L’occasion pour eux de rappeler quelques données chiffrées pour montrer qu’ils « sont de plus en plus actifs dans le développement d’outils automatiques de détection et de suppression » des contenus illicites.

Spiros Vathis

CC Spiros Vathis

« Twitter a indiqué que les trois quarts des 300 000 comptes supprimés entre janvier et juin 2017 l’avaient été avant que leur premier tweet ne soit envoyé. Selon YouTube, plus de 150 000 vidéos ont été retirées depuis juin 2017. Après avoir identifié un contenu terroriste, Facebook supprime 83 % des copies dans l’heure qui suit leur chargement », est-il indiqué.

Les algorithmes de détection jouent évidemment un rôle-clé dans ce travail. Bruxelles note que l’identification des publications s’appuie sur une base de données dans laquelle figurent plus de 40 000 empreintes numériques de vidéos et d’images à caractère terroriste connues. Annoncée l’an dernier lors d’un précédent forum de l’UE sur Internet, la base de données est opérationnelle depuis ce printemps.

Automatisation de l’antiterrorisme

Ces informations, spectaculaires par l’ampleur des chiffres avancés et qui se veulent rassurantes pour une population européenne qui a connu ces dernières années des  attentats terroristes en grand nombre, posent toutefois une difficulté : cette automatisation, aussi bien dans la détection que dans la neutralisation du contenu jugé litigieux, se fait hors de toute décision judiciaire ou même administrative.

Sans doute rétorquera-t-on qu’il est impossible de judiciariser chaque cas attrapé par les systèmes de surveillance automatisée des géants du net, au regard du volume de comptes supprimés, de vidéos retirées ou de publications enlevées. Or, sans processus public et contradictoire, impossible d’avoir la certitude que tout ce qui a été effacé devait l’être. Or, quid des faux positifs ? Les algorithmes ne sont pas infaillibles.


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