En Suisse, un homme a été condamné par la justice pour avoir aimé des publications controversées. Pour la magistrate, une appréciation laissée sur ces contenus est la marque d’une approbation.

Méfiez-vous des appréciations que vous laissez sur Facebook, elles pourraient bien vous causer des ennuis judiciaires. C’est ce qui vient de se passer en Suisse, où un homme de 45 ans a été condamné lundi 29 mai par le tribunal d’arrondissement de Zurich pour avoir « aimé » six commentaires. La magistrate chargée de l’enquête lui a infligé une peine avec sursis de 40 jours amendes à 100 francs suisses.

L’affaire, racontée par la Tribune de Genève, montre que l’homme n’avait pas « liké » des publications tout à fait innocentes. Ces messages, qui datent de 2015, s’en prenaient à une association de défense des animaux, l’Acusa, ainsi qu’à son président, qualifié dans ces messages de « raciste », de « fasciste »  et « d’antisémite », visiblement parce que l’intéressé avait eu quelques ennuis avec la justice par le passé.

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CC losvizzero

Le quotidien suisse rappelle en effet que le président de l’Acusa avait été condamné en 1998 pour avoir enfreint la loi contre le racisme dans un dossier ayant trait à l’abattage rituel des animaux. Visiblement, ces faits, malgré leur ancienneté, ont poursuivi le président de l’association jusqu’à aujourd’hui, au regard de la teneur des accusations le visant.

Mais pour la magistrate, le fait d’aimer une publication, en cliquant sur le pouce relevé vers le haut, n’est pas neutre. En manifestant son approbation de la sorte, le prévenu « propageait un jugement de valeur en l’approuvant. Un avis positif est lié avec un like ». En outre, l’accusé n’a pas démontré que les commentaires qu’il a aimés correspondaient à la réalité ou qu’il avait des « raisons sérieuses » de les tenir « pour vrai de bonne foi ».

Facebook App

Le président de l’association a certainement apprécié les conclusions du tribunal, dans la mesure où il défendait au début du procès le fait que le bouton « J’aime » représente une extension de la diffamation et doit donc être sanctionné, rapportait début avril le site 20 Minutes. Le ministère public avait pour sa part relevé que le fait d’aimer une publication lui a permis d’être visible à un plus grand nombre de personnes.

Les contenus aimés sur Facebook par un contact peuvent en effet apparaître par la suite dans le fil d’actualité de ses contacts, permettant à ces derniers de connaître son activité récente. Or, si la majorité des « likes » ne pose pas de souci, ce n’est pas le cas d’une appréciation laissée sur une publication controversée, elle-même publiée sur un réseau social dont la sphère privée se confond parfois avec l’espace public.


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