IsoHunt, l’un des principaux index BitTorrent au monde, vient de recevoir l’ordre de supprimer l’ensemble des liens torrents illicites qui seront repérés par les ayants droit. Le juge américain a également exigé la mise en place d’un filtrage par mots-clés, sur le même modèle que celui de Mininova.

C’est le scénario de Mininova qui vient d’être rejoué aujourd’hui dans un tribunal californien. Après avoir été condamné une première fois aux États-Unis pour incitation au piratage, le site de liens BitTorrent IsoHunt vient de recevoir l’ordre d’un juge californien de supprimer l’ensemble des liens torrent menant à des contenus protégés par le droit d’auteur. Tout comme ses homologues aux Pays-Bas, l’administrateur du site, Gary Fung, devra mettre en place un système de filtrage sur la recherche interne du site.

Chargé du dossier, le juge Stephen Wilson a motivé son jugement (.pdf) en considérant qu' »il est clair que la mise à disposition d’œuvres copiées appartenant aux plaignants compromet irrémédiablement la croissance d’une offre légale pour les consommateurs« . La supposée demande en contenus libres de droit ou bénéficiant d’une licence plus souple (Creative Commons par exemple) ne serait qu’un prétexte, selon le juge : « plus de 95 % de tous les liens torrent téléchargés sur les sites web des accusés mènent à du contenu protégé par le droit d’auteur« .

Pour résoudre cette situation, le tribunal a donc exigé la mise en place d’un filtre qui bloquerait les mots-clés menant vers du contenu protégé par le droit d’auteur. Seul problème, un tel procédé devrait malheureusement se répercuter sur des téléchargements légitimes, aussi minimes soient-ils. La question s’était d’ailleurs déjà posée début juin 2009, lorsque Mininova souhaitait que les ayants droit néerlandais, comme le BREIN, participent aux coûts d’un tel dispositif, tout en fournissant les mots-clés à bloquer.

Problème, comment le filtre distinguera un mot-clé pouvant recouvrir plusieurs sens ? Nous avions cité par le passé l’exemple du terme « Office », qui a été utilisé pour nommer des éléments parfois très différents. Par exemple, comment cette technologie fera-t-elle la distinction entre la série américaine, The Office, et la suite de la bureautique libre Open Office ? Car pour l’heure, la prise en compte du contexte dans une recherche, que ce soit sur Google ou un moteur de recherche Internet n’est pas possible, à moins de publier suite de mots pour orienter la recherche dans la bonne direction.

Interrogé par Wired, Gary Fung a expliqué que « filtrer sur les mots-clés revient peu ou prou à mettre fin à notre moteur de recherche« . Disposant de quatorze jours pour se conformer à cette décision de justice, Gary Fung devra s’appuyer sur une liste fournie par la MPAA qui indiquera quels sont les films à bloquer immédiatement.

Désormais, Gary Fung va étudier les options qui lui restent. Une chose est sûre. Si le filtrage se met effectivement en place, ce sera la fin d’IsoHunt. L’année dernière, l’audience de Mininova s’était effondrée suite au procès des administrateurs et à la mise en place d’une politique plus stricte en matière de droits d’auteur.

Une victoire évidemment symbolique pour les majors, mais avec quel effet réel sur les échanges de fichiers entre internautes ?


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