C’est rue du Texel que l’Hadopi installera ses bureaux à Paris. Une rue qui tire son nom d’une bataille remportée par des corsaires français (des pirates mandatés par le roi) contre des navires de guerre hollandais au 17ème siècle. Et si l’Histoire se répétait ?


(La Bataille de Texel, par Willem Van De – Musée National Maritime de Greenwich. Source : Lib-Art)

C’est notre commentateur « Particule » qui le note avec malice sous l’article concernant les 1107 mâ² loués rue du Texel par le ministère de la Culture pour les besoins de la future Hadopi : « L’hadopi rue du Texel ? Ca ne manque pas de piquant. Le Texel est en effet une bataille remportée par le corsaire dunkerquois Jean Bart contre l’armée régulière hollandaise, en 1694, afin de récupérer 170 bateaux de blé russe intercepté par ces derniers« . « L’hadopi a son siège dans la baie des pirates« , s’amuse-t-il.

Un petit tour sur Wikipedia nous confirme la trouvaille. Selon l’encyclopédie collaborative, la rue du Texel prend son nom d’une île néerlandaise où s’est déroulée le 29 juin 1694 une bataille navale qui a opposé « une petite escadre de corsaires dunkerquois commandée par Jean Bart à un groupe de navires de guerre hollandais commandé par le contre-amiral Hydde de Vries« . Durant cette bataille, Jean Bart parvient à prendre 30 navires, et l’amiral de Vries qui commandait les navires de guerre hollandais est blessé, fait prisonnier, et succombe finalement à ses blessures.

Il faut lire le récit de Wikipedia en imaginant le blé comme autant de fichiers MP3 et autres Divx que les hollandais regroupés sur le navire Hadopi tentent de bloquer l’arrivée à bon port. « Affamer la France est bien un but de guerre conscient. Le contre-amiral de Vries avait ordre d’intercepter tout navire chargé de blé se rendant en France, comme il l’indiquera à Jean Bart  » Je vous dirai seulement que le contre-amiral m’a dit qu’il avait reçu ordre du prince d’Orange d’arrêter et d’envoyer en Hollande tous les vaisseaux chargés de grains qu’il trouverait venir en France «  (…)

Entre autres blessures, l’amiral de Vries a eu un oeil crevé d’un coup de pic alors qu’il tentait de défendre le pavillon-amiral. Il est conduit à Dunkerque, où il faut l’amputer d’un bras. Le barbier l’anesthésie à la corsaire, d’une bonne rasade d’eau de vie. L’horrible opération ne sauve pas le malheureux officier, mais il estime que son honneur est sauf, car il a été vaincu par des héros, et il meurt heureux, le 1er juillet 1694, en déclarant qu’il n’a jamais été à si belle fête. (…)

Les navires impressionnent, tous groupés à l’entrée du port de Dunkerque (…) La France est sauvée de la famine (…) La Bataille du Texel est, pour Dunkerque, ses corsaires, et tous ses habitants, un sujet de fierté. L’enjeu n’était pas un territoire ou une vaine gloire. C’est pour le pain de la France que l’on s’est battu« .

En homme de lettres féru d’Histoire, Frédéric Mitterrand saura apprécier l’ironie. Et sera bien inspiré de ne pas devenir l’amiral Vries de l’Hadopi.


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