MediaDefender adore le P2P. La société vendait à prix d’or aux studios de cinéma un service dont le but était de polluer les réseaux de faux fichiers de films censés décourager les P2Pistes. Puis elle profitait aussi de ses infrastructures pour faire la promotion de ses services pornographiques sur eMule ou Limewire, comme le montrent les correspondances confidentielles de la société.

Hollywood a-t-elle financé sans le savoir la diffusion de vidéos et de services pornographiques en subventionnant ce qu’elle croyait n’être qu’une prestation de lutte contre le piratage ? Les 700 Mo d’e-mails confidentiels volés il y a un an et distribués sur BitTorrent continuent de livrer leurs secrets, jusqu’aux plus coquins. Ainsi TorrentFreak révèle qu’en plus de ses activités de pollution des réseaux P2P au service des studios de cinéma, la société MediaDefender s’était faite une spécialité de promouvoir sur ces mêmes réseaux des services porno.

MediaDefender avait noué plusieurs partenariats avec notamment le géant du porno sur Internet Adult Friend Finder, et avait aussi son propre site pour adultes EnterAllSites.com. La société se servait des réseaux P2P pour en faire la promotion et amasser ainsi des revenus sans doute très conséquents, de deux manières. Soit en se servant des fonctions de messagerie des réseaux d’échange de fichiers pour spammer les utilisateurs, soit en créant des fichiers aux noms explicites, en fait des vidéos sous DRM qui obligent à se rendre sur les sites payants. Il suffisait alors d’inonder les réseaux P2P de ces faux fichiers pour capter un maximum de clients. Selon un e-mail révélé par TorrentFreak, le taux de transformation était de 1 vente pour 2000 téléchargements sur LimeWire, ce qui est considérable.

Pour réaliser ce genre d’opérations, il faut mettre en place une structure coûteuse, capable d’inonder les réseaux Peer-to-Peer. Le cinéma et la musique ont servi de vache à lait. Les courriers confidentiels ont ainsi révélé par le passé que MediaDefender faisait payer 4.000 $ pour « protéger » un album, 2000 $ pour un single, et même qu’un contrat de 3,6 millions de dollars avait été signé avec une major du cinéma pour protéger seulement quatre films.

Problème, jamais MediaDefender ou sa maison-mère ArtistDirect n’ont fait apparaître leurs activités de vente de pornographie sur leurs bilans comptables. Au pays puritain de l’Oncle Sam et de la Tante Palin, ce pourrait être extrêmement mal vu. D’autant que les Warner Bros. et autres Universal Studios payaient MediaDefender dans l’espoir de faire disparaître les réseaux P2P, pas pour qu’ils les exploitent directement.

Il n’est pas certain que MediaDefender continue aujourd’hui ce type d’activité. Elle semble avoir brutalement arrêté de faire la promotion de son site pornographique dès la publication des e-mails en septembre 2007, et ses finances sont au plus bas. Le titre de la maison-mère ArtistDirect, qui était monté à 4,6 dollars l’action en 2006, ne vaut plus aujourd’hui que 0,014 dollars. Autant dire que la société ne vaut plus rien.

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