Ecosia est une interface alternative au moteur de recherche Bing, éditée par une entreprise sociale allemande qui reverse une part de ses bénéfices à la plantation de millions d’arbres dans le monde.

Connaissez-vous Ecosia ? Créé en 2009, le site propose une interface épurée pour effectuer des recherches en utilisant le moteur Bing de Microsoft, et consacre une part de ses bénéfices au financement de plantation d’arbres à travers le monde. Basée à Berlin, l’entreprise à vocation sociale certifiée « B Corp » affirme ainsi avoir fait planter plus de 3,5 millions d’arbres, grâce à 2,8 millions d’euros de dons reversés.

Chaque pousse d’arbre plantée coûte environ 0,28 euros, qui sont financés grâce aux revenus publicitaires dégagés par les recherches. Plutôt que d’être affichées sur Bing, les publicités sont affichées sur Ecosia, et Microsoft reverse une commission. Tous les documents comptables liés aux dons reversés sont publiés sur le site.

Les premiers arbres ont été plantés au Brésil, et désormais c’est au Burkina Faso que se font les plantations, « pour faire revenir l’eau, les plantes et les animaux dans des régions frappées par la sécheresse », et ainsi re-dynamiser l’économie locale.

J’ai pris conscience des liens entre le capitalisme et les émissions de CO²
christian-kroll

Christian Kroll, fondateur et CEO d’Ecosia

« L’idée d’Ecosia m’est venue au moment où je voyageais à travers l’Asie et l’Amérique du Sud, après mes études de commerce », se souvient Christian Kroll, le fondateur et CEO de l’entreprise, qui nous raconte la genèse du projet. « Je voulais construire un outil qui puisse bénéficier aux utilisateurs tout en soutenant une cause plus importante. J’ai appris un peu à programmer, et j’ai travaillé sur un moteur de recherche qui générerait des revenus pour des projets d’une ONG au Népal. Mais avec seulement quelques heures d’électricité et de connexion internet stable dans la journée, j’ai dû abandonner le projet et j’ai recommencé à voyager ».

« Plus tard, en Argentine, j’ai beaucoup appris sur la reforestation tropicale, et j’ai aussi lu le livre de Thomas L. Friedman, ”La terre perd la boule. Trop chaude, trop plate, trop peuplée”, qui  m’a fait prendre conscience des liens entre le capitalisme et les émissions de CO², et comment les arbres pouvaient aider à limiter le changement climatique ».

Google ne signe pas de partenariats directs avec les moteurs de recherche de bienfaisance

ecosia

Sur Ecosia, les utilisateurs ont le choix entre l’onglet par défaut qui affiche les résultats de Bing, et un onglet Google. Mais ce dernier ne rapporte pas un centime. « Comme beaucoup d’utilisateurs veulent comparer les résultats, nos proposons un onglet Google. Mais si vous voulez soutenir la plantation d’arbres, vous devriez utiliser l’onglet Bing. Google ne signe pas de partenariats directs avec les moteurs de recherche de bienfaisance ».

Quel avenir avec l’intelligence artificielle ?

Mais sept ans après sa naissance, Ecosia doit affronter un nouveau défi. Les internautes passent de plus en plus par les réseaux sociaux pour poser leurs questions plutôt que de faire des recherches sur Google ou Bing, et surtout la tendance de fond est à l‘utilisation croissante des assistants personnels basé sur l’intelligence artificielle, à l’instar de Siri, Google Now, Cortana ou Facebook M.

Il devient plus simple et plus rapide de poser une question à son assistant pour avoir immédiatement la réponse, que de taper une requête sur un moteur de recherche pour parcourir les résultats et aller soi-même découvrir la réponse derrière l’un d’entre eux.

Mais « nous travaillons étroitement avec Bing, qui investit beaucoup dans le futur de la recherche sous toutes ses formes », se rassure Christian Kroll. « Dans l’avenir proche, ça nous permettra d’offrir des résultats plus riches, par exemple intégrés avec différents types de contenus de différentes sources. Ce pourrait être des actualités, des knowledge graphs, des extraits de médias sociaux, ou même des options de filtrage plus précises. De façon générale, nous croyons que le futur appartient aux entreprises sociales ».

« Il y aura de plus en plus d’idées pour des outils intelligents qui bénéficient à l’utilisateur et qui capitalisent sur des habitudes du quotidien. Chez Ecosia, développer et fournir ces outils est ce qui nous motive tous les jours ».


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