La startup Kitty Hawk a dévoilé son nouvel avion « VTOL ». Le concept semble prometteur, même si plusieurs questions sont sans réponse.

L’aéronautique a un véritable problème avec l’électrification de ses engins. Des recherches sont menées et quelques projets avancent, mais une équation est encore impossible à résoudre : une batterie ne peut pas offrir la puissance nécessaire à un décollage, notamment parce qu’elle ajoute trop de poids aux engins. Pour contourner cette impasse, les startups se concentrent sur des avions ou des aéronefs à atterrissage et décollage vertical (VTOL) de très petite taille. C’est cette configuration qui a été choisie par la startup Kitty Hawk, financée par Larry Page, cofondateur de Google.

Son nouvel aéronef, présenté dans une vidéo le 3 octobre et nommé Heaviside, adopte un format convertible : le monoplace de très petite taille décolle et atterrit à la verticale grâce à des hélices positionnées vers le sol et fait confiance à des hélices entraînant une poussée horizontale pour se déplacer — la portance est transmise aux ailes, ce qui demande une vitesse horizontale conséquente. La particularité mise en avant par Kitty Hawk est son silence : lors d’un test acoustique, un hélicoptère enregistre plus de 80 dbA au décollage et 60 dBA à 1 500 pieds. Le Heaviside fait le même bruit en quittant le sol, mais le son s’étouffe très rapidement et à 1 500 pieds, seuls 38 dBA sont mesurés.

Encore en phase de test avec et sans pilote, l’engin a été pensé pour des usages futuristes : des trajets urbains rapides, entre des lieux évidemment équipés de pistes permettant un atterrissage. Sebastian Thrun, CEO de la startup, qui est aussi le créateur du laboratoire X chez Google, estime pour TechCrunch que les hélicoptères ne sont pas l’avenir : « Notre idée, c’est que nous voulons que ces appareils soient socialement acceptables par le plus grand nombre. Les hélicoptères ne le sont pas : ils sont réservés aux riches et ils font du bruit ».

Sa petite taille permet au Heaviside de revendiquer une autonomie théorique de 100 miles (160 km) et sa vitesse annoncée lui permet de relier San Francisco à San José en 15 minutes — un parcours de 70 kilomètres qui pourrait donc être réalisé en aller-retour sans recharge si les conditions sont bonnes. Permettant, par exemple, de relier l’aéroport international aux entreprises de la tech qui pullulent dans la baie.

Des critiques nombreuses

Pour autant, l’engouement de Kitty Hawk est à modérer. Le Heaviside n’est pas la solution miracle au transport aérien de courte distance. Tout d’abord, pour une raison bien simple : il ne permet de transporter qu’une seule personne. Certes, la startup prévoit des vols autonomes qui n’auraient besoin « que d’un bouton à presser » et n’aurait donc pas besoin de pilote, mais cela reste limité — et ternit un poil la comparaison avec un hélicoptère qui peut accueillir plusieurs passagers.

Sur YouTube, où la vidéo a été publiée, les commentateurs ne manquent pas également de critiquer la taille de l’engin qu’ils comparent à un « avion de modélisme », ce qui, évidemment, fait moins de bruit qu’un véritable appareil. De même, l’efficacité de ce type d’engins est souvent questionnée : le décollage vertical est pratique pour une utilisation urbaine, car il ne nécessite pas de piste, mais il est moins efficace côté énergie pour soulever l’appareil qu’un décollage horizontal. Quand on sait que l’autonomie est le principal problème des avions électriques, ce facteur doit compter.


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